Des experts pressent Québec de se doter d’un plan de surveillance

La maladie de Lyme est transmise par les piqûres de tiques à pattes noires infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi.
Photo: Direction de la santé publique Montérégie La maladie de Lyme est transmise par les piqûres de tiques à pattes noires infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi.

Des experts demandent à Québec d’étoffer le plan de surveillance de la maladie de Lyme. Malgré une hausse importante du nombre de cas l’an dernier, la vigie repose toujours essentiellement sur des projets de recherche.

 

En modifiant « de façon importante » le programme actuel, on pourrait pourtant mieux protéger le public, connaître les zones de risque et communiquer avec la population et les professionnels de la santé en conséquence, écrit l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) dans un avis scientifique publié cette semaine. Il y a eu 142 cas en 2013, dont la moitié au Québec.

 

Ce serait un début, puisque le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) « ne fait pas d’intervention spécifique de surveillance de la maladie de Lyme jusqu’à présent », confirme la responsable des communications Marie-Claude Lacasse.

 

Expert en zoonoses à l’INSPQ, le Dr François Milord explique qu’« il est temps de passer à une surveillance plus systématique ». La maladie de Lyme est transmise par les piqûres de tiques à pattes noires infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi.

 

Prévoir le risque

 

La maladie de Lyme étant à déclaration obligatoire, la vigie actuelle repose surtout sur la déclaration des cas humains. La récolte de tiques à patte noires sur le terrain pour connaître les régions où elles sont infectées permettrait d’établir des cartes de risque.

 

« On voudrait cibler des lieux que les gens fréquentent, des parcs. On pourrait communiquer les informations aux responsables des parcs et eux, à leur clientèle », explique le Dr Milord. Chaque année, une carte avec le niveau de risque prévu à l’échelle des CSSS pourrait servir à établir le plan d’action pour l’été suivant.

 

Alors qu’on dépense chaque année quatre millions de dollars pour prévenir le virus du Nil, les dépenses requises dans le cas de lamaladie de Lyme sont d’un tout autre ordre, selon le Dr Milord. « Quelques milliers de dollars par station d’échantillonnage », selon lui, plus le personnel de laboratoire.

 

Pour l’instant, la récolte de tiques et leur analyse se limitent à quelques sites, selon les budgets disponibles. En 2012, 20 sites répartis dans quelques parcs ont été visités.

 

Depuis 2007, la santé publique a identifié 13sites où les trois stades de tiques étaient établis et où au moins une tique était positive pour la bactérie. Ces sites étaient majoritairement en Montérégie (Longueuil, Farnham, Henryville, Noyan, Saint-Valentin, réserve Saint-François-du-Lac, parc du Mont-Saint-Bruno, Marieville, Carignan, Salaberry-de-Valleyfield, Saint-Étienne de Beauharnois), mais aussi en Estrie (Danville) et dans le Centre-du-Québec (Drummondville). C’est à la base militaire de Farnham que la proportion de tiques infectées est la plus élevée : 29 % portaient la bactérie en 2012.

 

La chercheuse à l’Université McGill Virginie Millien souhaite aussi que Québec aille de l’avant avec ce plan de surveillance. Il est plus que temps, selon celle qui, avec ses étudiants, ratisse le sud du Québec chaque été pour documenter la progression de la bactérie chez les tiques et leurs hôtes, les souris à pattes blanches. Seuls une douzaine de sites d’échantillonnage sont prévus pour 2014 de son côté.

 

Comme tant la zone de distribution de la souris que de la tique progressent, « il faudra mieux anticiper les zones de risques, dit Mme Millien. Nous manquons d’information et surtout, il n’y a encore aucune signalisation, même dans les parcs où on sait que les tiques sont établies. »

 

 

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