Cliniques sans médecins: les infirmières passent de la parole aux actes

La FIQ caresse deux rêves qu’elle veut voir réalisés: des cliniques infirmières de quartier et des maisons pour personnes âgées à échelle humaine.
Photo: - Le Devoir La FIQ caresse deux rêves qu’elle veut voir réalisés: des cliniques infirmières de quartier et des maisons pour personnes âgées à échelle humaine.

Galvanisées par les encouragements de l’auteur Alexandre Jardin et son mouvement pour l’action, les infirmières veulent devenir les « zèbrettes » du Québec. Elles ont lancé en février dernier l’idée de cliniques infirmières de première ligne et de petites maisons pour les personnes âgées. Eh bien, pas question d’attendre : elles mettent les projets en marche dès maintenant.

 

Lors de leur dernier congrès, qui s’est achevé le 11 avril, les infirmières de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) ont donné le feu vert à leur syndicat pour qu’il passe à l’action. « Nos membres nous disent de foncer ! Je n’ai pas l’intention d’attendre après le ministère de la Santé [MSSS]. On va le faire, c’est tout ! », dit sa présidente, Régine Laurent. Des chargés de projet s’affaireront dans les prochains mois à élaborer les plans d’affaires et à formaliser le processus de création.

 

La FIQ caresse deux rêves qu’elle veut voir réalisés. D’abord, des cliniques infirmières de quartier, indépendantes des médecins, disponibles pour répondre aux petites urgences et suivre des patients qui vivent avec une maladie chronique. Ensuite, des maisons pour personnes âgées à échelle humaine, où ces dernières pourraient habiter jusqu’à leur décès sans subir des déménagements chaque fois que leur condition requiert plus de soins.

 

Bleu blanc zèbre

 

En France, l’auteur Alexandre Jardin a lancé le mouvement Bleu blanc zèbre. Il a fédéré des dizaines de « zèbres », des « faiseurs » qui « ne promettent rien : ils font ». Invité au congrès de la FIQ, « il nous a nommées les zèbrettes en chef », raconte Régine Laurent en rigolant, bien contente de cette étiquette. « Beaucoup de gens veulent embarquer avec nous. Nous avons tellement de porteurs de ballons que nous ne pouvons plus reculer », dit-elle.

 

Avec le Chantier de l’économie sociale, la FIQ s’affairera dans les prochains mois à mener des études de marché, à mettre sur pied les plans d’affaires et à trouver les adresses de la première clinique et de la première maison. Elles explorent surtout des structures, comme un organisme sans but lucratif et une coopérative de travailleurs, par exemple. Quelques mois seront nécessaires pour franchir ces premières étapes, selon Mme Laurent.

 

Besoin de Québec

 

Même si elle concède que des obstacles pourront se dresser sur son chemin, Régine Laurent reste persuadée que Québec n’aura pas le choix de les appuyer. « Tout le monde doit ramer dans le même sens », selon elle. Notamment, pour que les projets se concrétisent, Québec devra consentir à payer publiquement les infirmières et autres travailleurs de la santé dans ces nouvelles structures.

 

Les libéraux, en campagne, ont plutôt promis, entre autres choses, de créer des super-cliniques ouvertes 24 heures sur 24. Mme Laurent est critique à l’égard de cette idée.

 

« Je me demande pourquoi un médecin spécialiste qui n’était pas disponible dans le réseau public le sera tout à coup quand le public va financer ces nouvelles cliniques privées, dit-elle. Nous avons créé les groupes de médecine de famille pour répondre aux demandes des omnipraticiens et là, les super-cliniques, c’est pour répondre aux demandes des spécialistes. »

Beaucoup de gens veulent embarquer avec nous. Nous avons tellement de porteurs de ballons que nous ne pouvons plus reculer.

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