Infarctus: les femmes sont traitées moins rapidement à l'urgence

Lorsqu’elles se présentent à l’urgence pour un infarctus, les femmes sont soignées moins rapidement que les hommes. Cela pourrait avoir des répercussions préoccupantes sur leur taux de survie.
Des chercheuses de l’Université McGill cherchent à comprendre pourquoi les femmes, surtout jeunes, sont plus susceptibles de décéder que les hommes après un accident cardio-vasculaire. « On veut ultimement réduire ce fossé », explique la chercheuse en psychologie Roxane Pelletier, qui creuse cette question aux côtés de la Dre Louise Pilote, chercheuse principale. Elles publient un article aujourd’hui lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne.
Les chercheuses ont découvert que les femmes attendent plus longtemps à l’urgence que les hommes avant de recevoir les soins requis, souvent au-delà des normes. Et plus les patients présentaient des traits féminins stéréotypés, plus cette association était vraie.
Alors que la norme est de 10 minutes, les hommes attendent 15 minutes avant de recevoir un électrocardiogramme et les femmes, 21 minutes, à partir de leur arrivée à l’urgence. « C’est l’étape cruciale pour le diagnostic. Non seulement la norme n’est pas rencontrée pour les deux sexes, mais les femmes attendent 6 minutes de plus. Et on sait que plus c’est long, plus les risques de rechute ou de décès dans les mois suivants sont élevés », constate Mme Pelletier.
Pour la majorité des autres interventions également, les délais étaient supérieurs pour les femmes.
Pourquoi?
Les différences ne s’expliquent pas tant par le fait d’être de sexe féminin, mais par trois facteurs clés.
D’abord, plus le portrait clinique est complexe, comme le fait de souffrir de différents facteurs de risques supplémentaires comme le diabète, plus les délais sont longs avant les interventions.
Ensuite, l’absence de douleur thoracique allongeait aussi les délais. Chez les deux sexes, les douleurs thoraciques sont les premiers symptômes d’un infarctus, mais un peu moins de femmes en ressentent.
Et finalement, « le fait d’être gêné, tendre, attentif aux besoins des autres, et d’assumer des rôles traditionnellement féminins comme les tâches ménagères augmentait les délais et diminuait les chances de recevoir des soins invasifs comme pour débloquer les artères », constate Mme Pelletier. Les patients anxieux aussi attendent plus longtemps avant d’être soignés. Les hommes présentant des traits de genre dits féminins étaient aussi à risque d’attendre que les femmes.
Changer les mentalités
Pour Mme Pelletier, c’est autant la responsabilité des patients que des infirmières et des médecins de prendre conscience de ces biais pour mieux les contrer. « Les patients doivent être affirmatifs, précis et concis quand ils arrivent à l’urgence. Et s’ils ressentent une douleur à la poitrine, il faut en parler immédiatement, car c’est une information cruciale ». En ce qui concerne les soignants, Mme Pelletier leur recommande de ne pas se « laisser distraire ». « Il ne faut surtout pas mettre de côté l’éventualité d’un événement cardiaque chez une jeune femme réservée, anxieuse ou gênée ! » Bref, il faut prendre les femmes au sérieux, même si avant la ménopause, elles font moins souvent d’infarctus.
Les chercheuses québécoises vont continuer à suivre leurs patients afin de vérifier si hommes et femmes présentent des taux de mortalité et de rechute différents après ce premier accident cardio-vasculaire.
L’étude portait sur 1123 patients de 18 à 55 ans, recrutés après une hospitalisation pour infarctus. Les patients provenaient plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, ainsi que d’un hôpital américain et un suisse.
Les variables associées au genre des patients ont été évaluées à l’aide d’un questionnaire. On demandait par exemple aux participants s’ils étaient la personne responsable de l’entretien ménager à la maison. Ce questionnaire permet d’évaluer si une personne, homme ou femme, correspond davantage aux stéréotypes masculins ou féminins des rôles traditionnels.
Délais médians avant les procédures (en minutes), depuis l’arrivée à l’urgence
*Différence hommes femmes non significative
Pourcentage de procédures invasives (parmi les patients pouvant requérir ce type d’intervention)
*Différence hommes femmes non significative
Des chercheuses de l’Université McGill cherchent à comprendre pourquoi les femmes, surtout jeunes, sont plus susceptibles de décéder que les hommes après un accident cardio-vasculaire. « On veut ultimement réduire ce fossé », explique la chercheuse en psychologie Roxane Pelletier, qui creuse cette question aux côtés de la Dre Louise Pilote, chercheuse principale. Elles publient un article aujourd’hui lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne.
Les chercheuses ont découvert que les femmes attendent plus longtemps à l’urgence que les hommes avant de recevoir les soins requis, souvent au-delà des normes. Et plus les patients présentaient des traits féminins stéréotypés, plus cette association était vraie.
Alors que la norme est de 10 minutes, les hommes attendent 15 minutes avant de recevoir un électrocardiogramme et les femmes, 21 minutes, à partir de leur arrivée à l’urgence. « C’est l’étape cruciale pour le diagnostic. Non seulement la norme n’est pas rencontrée pour les deux sexes, mais les femmes attendent 6 minutes de plus. Et on sait que plus c’est long, plus les risques de rechute ou de décès dans les mois suivants sont élevés », constate Mme Pelletier.
Pour la majorité des autres interventions également, les délais étaient supérieurs pour les femmes.
Pourquoi?
Les différences ne s’expliquent pas tant par le fait d’être de sexe féminin, mais par trois facteurs clés.
D’abord, plus le portrait clinique est complexe, comme le fait de souffrir de différents facteurs de risques supplémentaires comme le diabète, plus les délais sont longs avant les interventions.
Ensuite, l’absence de douleur thoracique allongeait aussi les délais. Chez les deux sexes, les douleurs thoraciques sont les premiers symptômes d’un infarctus, mais un peu moins de femmes en ressentent.
Et finalement, « le fait d’être gêné, tendre, attentif aux besoins des autres, et d’assumer des rôles traditionnellement féminins comme les tâches ménagères augmentait les délais et diminuait les chances de recevoir des soins invasifs comme pour débloquer les artères », constate Mme Pelletier. Les patients anxieux aussi attendent plus longtemps avant d’être soignés. Les hommes présentant des traits de genre dits féminins étaient aussi à risque d’attendre que les femmes.
Changer les mentalités
Pour Mme Pelletier, c’est autant la responsabilité des patients que des infirmières et des médecins de prendre conscience de ces biais pour mieux les contrer. « Les patients doivent être affirmatifs, précis et concis quand ils arrivent à l’urgence. Et s’ils ressentent une douleur à la poitrine, il faut en parler immédiatement, car c’est une information cruciale ». En ce qui concerne les soignants, Mme Pelletier leur recommande de ne pas se « laisser distraire ». « Il ne faut surtout pas mettre de côté l’éventualité d’un événement cardiaque chez une jeune femme réservée, anxieuse ou gênée ! » Bref, il faut prendre les femmes au sérieux, même si avant la ménopause, elles font moins souvent d’infarctus.
Les chercheuses québécoises vont continuer à suivre leurs patients afin de vérifier si hommes et femmes présentent des taux de mortalité et de rechute différents après ce premier accident cardio-vasculaire.
L’étude portait sur 1123 patients de 18 à 55 ans, recrutés après une hospitalisation pour infarctus. Les patients provenaient plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, ainsi que d’un hôpital américain et un suisse.
Les variables associées au genre des patients ont été évaluées à l’aide d’un questionnaire. On demandait par exemple aux participants s’ils étaient la personne responsable de l’entretien ménager à la maison. Ce questionnaire permet d’évaluer si une personne, homme ou femme, correspond davantage aux stéréotypes masculins ou féminins des rôles traditionnels.
Délais médians avant les procédures (en minutes), depuis l’arrivée à l’urgence
Femmes | Hommes | Délais maximaux selon les lignes directrices |
|
Électrocardiogramme | 21 | 15 | 10 |
Fibrinolyse | 36 | 28 | 30 |
Intervention coronarienne percutanée primaire* |
106 | 93 | 90 |
Pourcentage de procédures invasives (parmi les patients pouvant requérir ce type d’intervention)
Femmes | Hommes | |
Cathétérisme cardiaque * | 88 % | 88 % |
Reperfusion cardiaque | 83 % | 91 % |
Intervention coronarienne percutanée non primaire |
48 % | 66 % |