Des pistes pour mieux contrôler l’asthme
Le quart des athlètes participant aux Jeux olympiques d’été et d’hiver sont asthmatiques. Malgré leur asthme, ces athlètes réussissent aussi bien que les autres, et parfois même mieux. À condition toutefois que leur maladie soit bien contrôlée.
Dans le but de mieux maîtriser les symptômes de l’asthme, les pneumologues ont revu leur pratique et l’ont enrichie de nouvelles interventions. Hier, une conférence faisait état des nouveautés dans le traitement de l’asthme dans le cadre du premier congrès québécois de recherche en santé respiratoire qui se déroulait dans l’arrondissement de Saint-Laurent à Montréal.
« On s’est rendu compte qu’en mesurant la concentration de certains médiateurs de l’inflammation dans les sécrétions bronchiques ou dans l’air expiré des patients, on pouvait mieux évaluer l’intensité de l’inflammation des bronches, et par conséquent savoir si le patient adhère bien à son traitement ou s’il est nécessaire de le réajuster », a expliqué le Dr Louis-Philippe Boulet, de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. C’est pourquoi on procède désormais périodiquement à des mesures non invasives de l’inflammation bronchique chez les patients souffrant d’un asthme modéré à sévère afin de s’assurer que leur médication permet de bien contrôler la maladie.
Après une minutieuse revue de la littérature scientifique, les membres du comité canadien du guide thérapeutique de l’asthme ont également confirmé l’importance des « corticostéroïdes inhalés », qui n’exercent leur effet que localement, sur les bronches, comme « traitement de base » pour les asthmatiques âgés de plus de 12 ans. Les experts ont également convenu que, si de faibles doses de corticostéroïdes ne suffisent pas pour éliminer les symptômes, il faut ajouter un second médicament, de préférence un bronchodilatateur à longue durée d’action, que l’on introduit dans le même inhalateur. Si cette dernière association ne parvient pas à maîtriser la maladie, on joindra plutôt un inhibiteur des leucotriènes aux corticostéroïdes.
Chez les jeunes enfants, on préfère augmenter la dose de corticostéroïdes (jusqu’à une dose moyenne) et, si nécessaire, lui associer un inhibiteur de leucotriènes plutôt qu’un bronchodilatateur, qui s’avère peu efficace chez les plus jeunes patients.
Le Dr Boulet a également annoncé que, d’ici peu, les patients asthmatiques disposeront de nouveaux médicaments à effet prolongé. « Présentement, les médicaments contre l’asthme ont une durée d’action de 12 heures, ce qui oblige les patients à se les administrer deux fois par jour. Or nous aurons accès sous peu à des médicaments dont l’effet se prolongera pendant 24 heures, ce qui permettra une seule administration par jour », a-t-il précisé avant de décrire la thermoplastie bronchique qui est actuellement expérimentée pour traiter certains cas d’asthme d’intensité modérément sévère. Cette intervention qui s’effectue en introduisant un cathéter jusqu’au niveau des bronches consiste à réchauffer progressivement celles-ci afin de réduire la contractilité et le nombre de muscles les encerclant. Il s’agit toutefois d’un traitement assez invasif qui ne s’avère efficace que chez quelques patients.
Des asthmatiques athlètes
Dans une deuxième conférence, le pneumologue de Québec a aussi souligné les bienfaits de l’exercice physique en déclarant que « toutes les personnes qui ont des problèmes respiratoires se doivent d’être des athlètes. Elles doivent toutes faire de l’exercice. Celui-ci n’améliore pas nécessairement leur fonction pulmonaire, mais il accroît substantiellement leur tolérance à l’effort, ainsi que leur qualité de vie ».
Lors d’un effort physique, la personne hyperventile, ce qui assèche ses bronches. Et cet assèchement pousse les muscles bronchiques à se contracter, explique le professeur de l’Université Laval. Or, « plus l’asthme est bien contrôlé, moins les bronches sont enflammées, moins la personne réagira à l’exercice, et mieux elle tolérera l’effort, à tel point qu’on ne recommande plus de prendre un bronchodilatateur avant chaque séance d’exercice pour prévenir les bronchospasmes. Si la personne a besoin d’une dose de bronchodilatateur, c’est que son asthme n’est pas contrôlé adéquatement » en raison d’une médication insuffisante ou de la présence d’allergènes dans son environnement.
« Pour devenir un athlète, il faut d’abord bien maîtriser les symptômes de son asthme. Ensuite, il faut prendre quelques précautions, comme procéder à un bon réchauffement » avant d’effectuer des efforts plus soutenus. « Un réchauffement composé de petits exercices de moindre intensité fait en sorte que l’organisme réagit moins à la déshydratation bronchique », précise le Dr Boulet, avant d’ajouter qu’il faut aussi éviter les conditions environnementales extrêmes, comme les journées où le taux de pollen dans l’air est très élevé si la personne est allergique, celles où l’air est très froid (- 30°C) et donc très sec, et celles où le taux de pollution est à son maximum.