Garçon ou fille? Une réponse peut arriver en 7 semaines.

L’étude soulève la question des couples utilisant des tests pour une sélection génétique ou un avortement.
Photo: - Le Devoir L’étude soulève la question des couples utilisant des tests pour une sélection génétique ou un avortement.

Chicago — Garçon ou fille? La simple analyse du sang d'une femme enceinte permet de répondre à la question avec une précision surprenante dès la septième semaine de grossesse, selon une étude américaine publiée hier dans le Journal de l'Association médicale américaine (JAMA).

Bien qu'il ne soit en général pas proposé par les médecins américains, le test de détection du sexe de l'enfant à naître est vendu en ligne depuis plusieurs années. Et la promesse de résultats précoces et précis a incité les experts en génétique à se pencher sur la question.

Ils ont analysé 57 études publiées sur des tests de détection réalisés dans le cadre de recherches rigoureuses ou dans un cadre universitaire.

D'après les auteurs, ces résultats montrent que ces tests peuvent représenter une avancée pour les femmes à risque d'avoir un enfant atteint de certaines maladies génétiques liées au sexe. Ils pourraient en effet leur épargner des actes invasifs si elles apprennent que le foetus n'est pas du sexe à risque. Mais l'étude soulève la question des couples utilisant de tels tests pour une sélection génétique ou un avortement.

Les couples achetant les tests aux fabricants devraient être interrogés sur leurs intentions, soulignent les auteurs.

Le test peut détecter de l'ADN foetal dans le sang de la mère dans 95 % des cas environ, quand les femmes ont atteint sept semaines de grossesse au moins, soit plus d'un mois avant les méthodes traditionnelles. La précision du test augmente avec la progression de la grossesse, estiment les auteurs.

Les méthodes traditionnelles, généralement utilisées pour raisons médicales, peuvent révéler le sexe d'un foetus à dix semaines environ.

La nouvelle étude a porté sur plus de 6000 grossesses. Le test utilise la méthode PCR, qui détecte du matériel génétique, en l'occurrence le chromosome masculin, le chromosome Y. S'il est présent dans le sang de la mère, elle attend un garçon. Dans le cas contraire, c'est une fille.

Les tests vendus directement aux particuliers n'ont pas été pris en compte dans cette analyse. Les tests de détection utilisant le sang et l'urine des futures mères avant sept semaines de grossesse n'étaient pas fiables, ont précisé les experts.

Pour le docteur Lee Shulman, chef de clinique en génétique à l'hôpital Northwestern Memorial de Chicago, ce type de test n'est pas encore prêt à être généralisé. Son hôpital ne fournit pas de tests sanguins, mais pas non plus de techniques traditionnelles, comme l'amniocentèse, aux femmes n'ayant pas de raisons médicales de vouloir connaître le sexe de leur bébé.

«J'aurais beaucoup de mal à proposer ce test» pour cette simple raison, a ajouté Shulman, disant craindre que ce test «devienne disponible dans les supermarchés et les centres commerciaux».

Selon des recherches récentes faites en Inde, de plus en plus de femmes déjà mères de fillettes se font avorter à l'annonce d'une nouvelle naissance féminine, résultat qui souligne que l'interdiction d'un tel test en Inde a été inutile. En Chine également, la politique de l'enfant unique et la préférence donnée à un héritier mâle ont provoqué un déséquilibre croissant entre les sexes.

Pour environ 300 $US, la société californienne Consumer Genetics vend en ligne un test de dépistage précoce du sexe de l'enfant baptisé «Rose ou bleu». Le test est fiable à 95 %, selon Terry Carmichael, vice-président exécutif de la société. Selon lui, plus d'un millier de kits sont vendus chaque année, les femmes devant au préalable s'engager à ne pas les utiliser à des fins de sélection génétique, ajoute-t-il. Et Consumer Genetics se refuse à vendre ses tests en Inde ou en Chine, par crainte d'une telle sélection, dit-il.

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