Effet «nocebo»
Washington — Les médecins connaissent bien l'effet placebo, le pouvoir de guérison de la pensée positive. Une étude récente montre qu'ils vont devoir se pencher sur les conséquences du pessimisme sur des traitements ayant pourtant fait leurs preuves.
Si l'effet «nocebo» n'a pas été aussi étudié que son effet inverse, des scientifiques estiment qu'il est plus que temps de se pencher sur l'état d'esprit des patients.Des chercheurs britanniques et allemands ont mené l'étude la plus sophistiquée à ce jour sur ce sujet. Ils ont fixé des diffuseurs de chaleur sur la jambe de 22 volontaires en bonne santé, augmentant les rayons jusqu'à ce qu'ils se plaignent d'une douleur de près de 70 sur une échelle de 1 à 100.
Puis, les chercheurs les ont placés sous perfusion afin de leur administrer une forte dose de rémifentanil, un analgésique dérivé de la morphine.
Les volontaires étaient soumis à un scanneur cérébral aux différentes étapes de la procédure. Quand les scientifiques ont introduit une sensation de brûlure puis administré l'analgésique sans en informer les patients, ceux-ci ont rapporté une réduction de leur douleur.
Puis, les scientifiques ont dit à leurs sujets qu'ils allaient maintenant leur injecter l'analgésique, même si celui-ci circulait déjà dans leur organisme. Les participants ont révélé une nouvelle réduction de la douleur — ce qui signifie qu'ils s'attendaient à une amélioration et que cette attente a multiplié les bénéfices de l'analgésique.
Enfin, les chercheurs ont encore menti, en leur disant cette fois qu'ils allaient cesser le traitement et que leur douleur allait probablement augmenter. Leur niveau de souffrance a quasiment retrouvé celui enregistré avant tout traitement, leurs craintes annulant l'effet d'un médicament qui a pourtant fait ses preuves dans le traitement de la douleur.
Les scanneurs ont démontré que les volontaires avaient réellement expérimenté une évolution de leur douleur, selon l'étude, récemment publiée dans la revue Science Translational Medicine.
C'est une étude de faible ampleur, qui ne concerne que la douleur. Mais ses résultats peuvent s'appliquer à toutes sortes de thérapies, notamment aux maladies chroniques, avec des patients conditionnés par des mois, voire des années de frustrations avec des traitements qui ne fonctionnent pas toujours.