Gynécologie: les sages-femmes encore exclues

La crise en gynécologie force Québec à revoir son offre de fond en comble. Une réflexion dont les sages-femmes se sentent injustement écartées. En conférence de presse hier à Trois-Rivières, la Coalition pour la pratique sage-femme a dénoncé l'attentisme du ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui n'a, selon elle, «ni réponse claire ni engagement financier» à offrir aux femmes qui désirent donner naissance autrement.

Hier, la Coalition a fait suivre les noms de 13 000 personnes réclamant le droit de choisir le lieu de naissance de leur enfant sous la supervision du professionnel de leur choix. Présentement, à peine 2 % des femmes accouchent avec une sage-femme au Québec. Le principe fait pourtant partie intégrante de la Politique de périnatalité 2008-2018, qui prévoit l'ouverture de 13 nouvelles maisons de naissance, toujours dans les limbes.

La situation perdurera tant et aussi longtemps que leur financement dépendra en partie des agences de la santé et des services sociaux, croit Claudia Faille, présidente du Regroupement les sages-femmes du Québec. «Les agences n'ont pas d'argent pour le développement. Il faut que le financement vienne à 100 % du ministère, autrement rien ne va bouger.»

Des obstacles insurmontables

Au cabinet du ministre Bolduc, on fait valoir que c'est aux communautés de se mobiliser, en collaboration avec les agences de la santé. Les gens font ce qu'ils peuvent, mais les obstacles sont insurmontables, rétorque Lysane Grégoire, du Groupe MAMAN. «Les groupes de citoyennes dans toutes les régions du Québec qui réclament l'accès aux services de sage-femme se heurtent à une multitude d'étapes à franchir qui rappellent les 12 travaux d'Astérix.»

Pourtant, «il n'y a aucun projet en attente au ministère», note l'attachée de presse du ministre Bolduc, Karine Rivard. «C'est faux! Si les projets n'arrivent pas sur le bureau du ministre, c'est que des murs se dressent devant eux. [...] Je compte au moins 14 projets en préparation», se désole Mme Faille. C'est le cas notamment en Montérégie, dans Lanaudière, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Gaspésie, à Montréal, à Laval, en Beauce ou dans les Hautes-Laurentides.

Les horizons sont aussi bouchés du côté de la relève, dénonce la Coalition. «Actuellement, le manque de consolidation et de développement de maisons de naissance mène les 14 finissantes au chômage malgré les besoins évidents en soins de maternité», déplore Ariane Blais, étudiante sage-femme qui terminera son baccalauréat en mai prochain. Le ministre en est conscient, répond son attachée de presse. Il jongle présentement avec l'idée d'ouvrir des postes ce printemps pour les finissantes. «Mais dans les maisons existantes.»

La proposition est mal accueillie par la Coalition, qui juge que ce n'est pas une solution acceptable pour donner un élan véritable aux services sages-femmes. «Ce sont des miettes, commente Mme Faille. Présentement, il y a des sages-femmes qui sont forcées de travailler à mi-temps parce qu'on manque de postes à temps complet. Et puis, ça va aggraver les disparités régionales.»

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