L'hormonothérapie provoquerait des cancers du sein plus mortels

On savait que l'hormonothérapie destinée à diminuer les symptômes négatifs de la ménopause accroissait le risque de cancer du sein, on apprend maintenant que les cancers qu'elle induit sont plus invasifs et plus mortels que ceux apparaissant en l'absence d'un tel traitement.

Ces nouvelles informations ont été obtenues auprès des 12 788 femmes ménopausées ayant participé à la fameuse étude Women's Health Initiative, qui comparait l'hormonothérapie de substitution à un placebo. Cette étude avait été interrompue en 2002, trois ans plus tôt que prévu, car les chercheurs avaient remarqué que les hormones entraînaient une augmentation du risque de cancer du sein, de maladies cardiaques, d'accident vasculaire cérébral et d'embolie pulmonaire. Même si on a cessé l'hormonothérapie, on a néanmoins continué à suivre ces femmes, ce qui a permis d'évaluer les taux de décès par cancer du sein sur une période totale de 11 ans.

Il est ainsi apparu que parmi les femmes qui développaient un cancer du sein, celles qui avaient absorbé des hormones (23,4 % d'entre elles) avaient plus souvent leurs noeuds lymphatiques déjà atteints par le cancer — un signe que le cancer a atteint un stade plus avancé — que celles du groupe placebo (16,2 %). De plus, les femmes soumises à l'hormonothérapie ont été deux fois plus nombreuses à mourir d'un cancer du sein (2,6 décès par 10 000 femmes par année) que celles sous placebo (1,3 décès par 10 000). Qui plus est, les décès d'autres causes étaient plus fréquents chez les femmes souffrant d'un cancer du sein qui avaient subi un traitement hormonal (5,3 décès par 10 000 femmes par année) que chez celles atteintes d'un cancer du sein, mais qui avaient reçu le placebo.

Cet accroissement des risques est mal compris par les chercheurs, qui pour l'expliquer font référence à des études antérieures ayant montré que le traitement hormonal pouvait retarder le diagnostic parce qu'il augmentait la densité du tissu mammaire, rendant ainsi plus difficile la détection des tumeurs à la mammographie. Or, on sait que plus le cancer est dépisté tard, moins bonnes sont les chances de survie. On soulève aussi le fait que les hormones favorisent probablement la croissance de certains cancers du sein ou des vaisseaux sanguins qui alimentent les tumeurs.

À la lumière de ces résultats, le Dr Rowan Chlebowski, auteur principal de l'étude publiée dans le Journal of the American Medical Association, recommande de réduire autant que possible la durée (à un ou deux ans maximum) et les doses d'hormones administrées aux femmes qui en ont absolument besoin parce qu'elles sont grandement handicapées par les symptômes de la ménopause.

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