Selon un rapport international - La plupart des fractures vertébrales non traitées
Qui s'est fracturé se fracturera. L'adage est connu, mais peine à faire son chemin jusque dans les cabinets de médecins. Un rapport international montre que les deux tiers des fractures vertébrales engendrées par l'ostéoporose dans le monde ne sont ni diagnostiquées ni traitées. Un constat d'échec collectif, qui n'épargne personne, pas même les pays riches.
Intitulé The Breaking Spine, le rapport produit par la Fondation internationale contre l'ostéoporose (IOF) insiste sur la nécessité d'ouvrir les yeux sur un mal qui frappe toutes les 22 secondes. Et pas que les femmes et les personnes très âgées, raconte au Devoir le spécialiste René Rizolli, de l'Université de Genève. «Pendant longtemps, on a cru que l'ostéoporose était le résultat du processus normal du vieillissement. La science montre plutôt que c'est une maladie qui peut être prévenue et traitée.»Les récentes avancées sur le plan de la médication ont permis de réduire de 30 % à 70 % le risque de fracture chez les malades. Mais pour cela, il faut au moins qu'il y ait eu diagnostic. Trois signes devraient mettre la puce à l'oreille et commander des examens plus poussés: un dos voûté, une perte de stature rapide et une douleur dorsale vive et soudaine, résume le Dr Rizolli.
«Il n'y a actuellement que 40 % des femmes souffrant de fractures vertébrales visibles par rayons X qui sont testées pour l'ostéoporose. Le chiffre est encore plus inquiétant pour les hommes, soit moins de 20 %», indique l'un des signataires du rapport, le professeur Harry K. Genant, de l'Université de Californie, qui appelle à un dépistage plus systématique.
La communauté médicale doit également cesser de prendre ce genre de blessure comme un événement isolé, insiste le Dr Rizolli. «Dès qu'il y a une première fracture, il faut présumer qu'il y en aura d'autres.» S'ensuit une spirale infernale dont les répercussions peuvent être sérieuses: douleurs chroniques, mobilité réduite, perte de stature (jusqu'à 15 cm!), dépression, fonction pulmonaire diminuée, troubles digestifs. «Jusqu'au handicap ou à la mort prématurée.»
Au Canada, deux millions de personnes vivent avec ce qu'on appelle la «voleuse silencieuse», qui a pour effet de fragiliser les os. Ostéoporose Canada a publié au début de la semaine de nouvelles lignes directrices cliniques, qui incluent l'adoption d'un mode de vie sain, des médicaments mieux adaptés ainsi qu'une meilleure identification et une meilleure prise en charge des fractures.