Assemblée annuelle de l'Association médicale canadienne - Ottawa est accusé de délaisser la santé

Le fédéral se désintéresse-t-il de la santé? Plusieurs intervenants du milieu le pensent, en premier lieu, le rédacteur en chef du Journal de l'Association médicale canadienne (JAMC), le Dr Paul. C. Hébert, qui estime que le gouvernement Harper a sciemment «abandonné» la santé. Une impression renforcée hier par l'absence de la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, à l'assemblée annuelle de l'Association médicale canadienne (AMC).
En conférence de presse, la présidente de l'AMC a minimisé la portée de cette défection qui n'est pourtant pas habituelle. «Nous comprenons que Mme Aglukkaq avait des engagements ailleurs», a prudemment commenté la Dre Anne Doig. Dépêchée à la place de Mme Aglukkaq, qui accompagne le premier ministre Harper dans sa visite de l'Arctique canadien, la ministre Diane Finlay a laissé entendre que le gouvernement est «intéressé à dialoguer avec les Canadiens et les professionnels de la santé à propos des changements à apporter à notre système de santé», a ajouté la Dre Doig, visiblement mal à l'aise.Ce n'est pas l'avis de la présidente du Consumer Advocate Network, un réseau de défense des droits des patients, qui ne s'est pas gênée pour critiquer les positions du gouvernement Harper lors de cette même conférence de presse. «Nous nous inquiétons de voir que les soins aux patients ne sont plus au coeur des débats politiques. Il faut faire en sorte que les intérêts des patients ne soient plus éclipsés par les intérêts économiques», a dit Durhane Wong-Rieger.
C'est aussi l'opinion du JAMC qui a publié hier un éditorial déplorant les choix du gouvernement. «Les conservateurs du gouvernement Harper semblent déterminés à faire avancer la loi et l'ordre, en dépensant de l'argent dans les prisons et les avions de chasse, en coupant dans les taxes, cela tout en ignorant la santé et les soins», écrit le Dr Paul C. Hébert dans un texte incisif.
Ce désengagement n'est pas sans conséquence, poursuit le rédacteur en chef. Il est à l'origine du manque de vision et de cohérence qui frappe les politiques canadiennes de santé publique, un effet qui se fait sentir d'un océan à l'autre, selon le Dr Hébert. Ce manque d'inspiration ne touche pas que les conservateurs, il affecte aussi les autres politiciens, poursuit-il. «Il est regrettable que les autres partis aient offert si peu voire aucune alternative substantielle.»
Même chose pour les gouvernements provinciaux et territoriaux, qui sont aussi montrés du doigt par le Dr Hébert pour avoir «trop facilement adopté l'attitude du "prends l'argent et cours" au lieu de collaborer à résoudre les défis majeurs auxquels nos systèmes de santé sont confrontés».