Accessibilité aux soins de santé - Les lacunes font l'unanimité, mais les solutions divisent
Les solutions proposées par l'Association médicale canadienne (AMC) pour réformer le système de santé ne font pas l'unanimité chez les intervenants québécois en santé. Néanmoins, ils sont tous d'accord sur une chose: l'accessibilité aux soins est déficiente au Canada.
Mardi, l'Association dévoilait un rapport qui recommande de moderniser les principes de la Loi canadienne sur la santé, car ils n'arrivent pas à assurer un système efficace. Une idée «rafraîchissante», estime le président du Conseil pour la protection des malades, Me Paul G. Brunet. «C'est vrai que malgré ces beaux principes, des gens ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin.»Le ministère de la Santé du Québec estime également que bien des choses ont changé depuis l'élaboration de la loi. «Oui, nous pensons que des choses pourraient être ajustées maintenant dans la Loi canadienne sur la santé pour répondre à la vision que nous avons du système de santé dans cinq, dix ou quinze ans», a indiqué Marie-Ève Bédard, attachée de presse du ministre Yves Bolduc.
L'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) s'est dite d'accord avec plusieurs pistes de solution proposées par l'AMC. L'AQESSS soutient vivement l'informatisation des dossiers médicaux et le financement des hôpitaux selon le volume d'activités.
Québec dit se retrouver dans la plupart des pistes de solution proposées, a indiqué Marie-Ève Bédard. «Ce sont des réflexions qui ont déjà été faites chez nous, et des actions ont été entreprises. Oui, il y a encore du travail à faire, mais, par exemple, les admissions en médecine ont déjà été augmentées.»
Le passage du rapport où l'AMC souligne le côté innovateur des nouvelles mesures de financement du dernier budget de Québec ne fait évidemment pas l'unanimité. Le gouvernement de Jean Charest a introduit une contribution santé qui s'élèvera à 200 $ dans deux ans et réfléchit à l'instauration d'une franchise santé. «Si le tarif à l'usage est une innovation pour l'AMC, je trouve ça injuste et profondément mal orienté, dit Me Paul G. Brunet. Les problèmes de bureaucratie et de gestion coûtent beaucoup plus cher que les abus en marge que certains utilisateurs font.»
Puisque la population est vieillissante, l'AMC recommande la construction de 2500 établissements de soins de longue durée, en plus de revoir le financement de ce type de soins. «Si on tient compte de la réalité du Québec, il est plus urgent d'investir massivement dans le financement des soins à domicile que d'investir dans du béton», croit la porte-parole de l'AQESSS, Martine Venne.
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Avec la collaboration d'Amélie Daoust-Boisvert