Alimentation - Haro sur le sirop de maïs riche en fructose

Le sirop de maïs riche en fructose, qui est derrière le goût sucré de maintes boissons gazeuses, céréales du petit-déjeuner et pâtisseries, favoriserait davantage l'obésité que le sucre de table, qui, en raison de son coût plus élevé, est souvent remplacé par le sirop de maïs dans les aliments préparés.
Des rats de laboratoire auxquels on a servi à boire — pendant huit semaines — une eau sucrée avec du sirop de maïs à teneur élevée en fructose (dans une concentration équivalant à la moitié de celle de la plupart des boissons gazeuses vendues sur le marché) ont gagné significativement plus de poids que ceux auxquels on a offert une solution de sucre de table ou saccharose (de même concentration que celle de nombreux sodas), et ce, même si les rats des deux groupes avaient consommé globalement le même nombre de calories, ont révélé des chercheurs de l'Université Princeton dans la revue Pharmacology, Biochemistry and Behavior.Les chercheurs ont également observé que les rats qui avaient consommé la solution de sirop de maïs pendant une plus longue période, allant de six à sept mois, non seulement avaient pris du poids par rapport aux rats témoins, mais avaient accumulé une quantité anormale de tissu adipeux dans la région abdominale et présentaient des niveaux sanguins de triglycérides particulièrement élevés. «Transposés chez l'humain, ces résultats suggèrent qu'une consommation excessive de sirop de maïs à teneur en fructose contribue à l'incidence d'obésité que l'on observe aux États-Unis», concluent les chercheurs.
Ces résultats ne surprennent absolument pas le Dr Jean-Marie Ekoé, endocrinologue au CHUM, qui explique que «le sirop de maïs riche en fructose est un sucre ultra rapide dont la vitesse d'absorption est supérieure à celle du saccharose, un sucre complexe qui doit d'abord être scindé en glucose et fructose et qui exerce moins de pression sur les cellules sécrétrices d'insuline que le sirop de maïs». Ce professeur de l'Université de Montréal précise que la consommation de sucres rapides accroît la formation d'acides gras libres (triglycérides), lesquels réduisent la proportion de bon cholestérol (HDL) et, de ce fait, augmentent le risque de maladies coronariennes. Une consommation excessive de sucres rapides finit par provoquer l'épuisement des cellules bêta — qui sécrètent l'insuline — et induit une obésité abdominale qui est particulièrement nocive puisqu'elle favorisera une résistance à l'insuline, qui aboutira graduellement au diabète.
Pour Ariel Fenster, de l'Organisation pour la science et la technologie de l'Université McGill, le facteur principal qui est responsable de l'épidémie d'obésité est avant tout la «quantité de sucre consommée». «Le sirop de maïs à haute teneur en fructose est tellement bon marché qu'on l'utilise partout. Nous avons augmenté notre consommation totale de sucre au cours des dernières décennies et, surtout, la proportion de sirop de maïs à haute teneur en fructose s'est grandement accrue», souligne M. Fenster, tout en précisant, chiffres à l'appui, qu'en 1966, aux États-Unis, chaque habitant consommait annuellement 120 livres de sucre, dont 100 livres étaient du sucre de table issu de la canne ou de la betterave. Aujourd'hui, la consommation annuelle par habitant atteint les 130 livres, dont la moitié sous la forme de sirop de maïs à forte teneur en fructose.
«Il est facile d'éviter le contact avec les sucres du sirop de maïs en optant pour une alimentation saine que l'on prépare soi-même dans sa cuisine», ajoute Diane Chagnon, nutritionniste au Service de santé de l'Université de Sherbrooke.