H1N1 - Un Québécois serait mort à cause du vaccin

Un premier bilan montre que les réactions indésirables au vaccin contre la grippe A(H1N1) ont lieu dans les proportions attendues un peu partout au Canada. La grande majorité est bénigne, mais une poignée s'est révélée plus grave, dont l'une a été fatale au Québec.
Un octogénaire vacciné il y a trois semaines est décédé des suites d'un choc anaphylactique, ont rapporté hier les autorités de la santé publique. «Une enquête a été ouverte afin de déterminer si cette mort a été causée par le vaccin ou par d'autres facteurs», a précisé hier l'administrateur en chef de la santé publique du Canada, le Dr David Butler-Jones.Interrogé à ce propos, le directeur de la protection de la santé publique au Québec, le Dr Horacio Arruda, a précisé que «l'intervention faite sur place avait été adéquate». L'homme de 80 ans souffrait de multiples conditions sous-jacentes. Il est décédé huit jours après avoir reçu son vaccin.
Il n'a pas été possible d'en apprendre davantage hier, Québec s'étant engagé à respecter la confidentialité de ce patient. Les autorités de la santé publique n'ont pas non plus été en mesure d'expliquer comment cet homme âgé a pu se faire vacciner alors qu'il ne fait pourtant pas partie des groupes à risque fixés par Québec.
Au cabinet du ministre de la Santé, on rappelle que certaines situations peuvent justifier le fait que des gens ne faisant pas partie des groupes à risque soient vaccinés en priorité. «Par exemple, et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, on pourrait déployer des équipes volantes dans des CHSLD si une éclosion de grippe se déclarait», a illustré son attachée de presse, Marie-Ève Bédard.
Sur les 1,477 million de doses inoculées au Québec, on a rapporté 23 manifestations cliniques inhabituelles (MCI) graves. À l'exception de cet octogénaire, tous ont rapidement et pleinement récupéré. «Nous sommes dans les taux attendus», a précisé hier le Dr Arruda, soit un taux de 30,8 réactions bénignes et 1 réaction plus sévère pour 100 000 doses données.
Les réactions bénignes comprennent des nausées, de la fièvre, des étourdissements ou des réactions au point d'injection. Sur les 6,6 millions de doses compilées au Canada en date du 7 novembre dernier, on rapportait 36 réactions ayant eu des conséquences graves. Celles-ci ont pris la forme de convulsions fébriles ou de chocs anaphylactiques. Dans tous ces cas, une enquête a été ouverte afin de déterminer si le vaccin en est bien en cause.
Pendant ce temps, le virus de la grippe A(H1N1) a continué sa progression au pays et la force du nombre tire les statistiques vers le haut. L'Agence de la santé publique du Canada a noté hier une «augmentation considérable» du nombre de décès attribués à la grippe A(H1N1) dans les sept derniers jours. Un constat repris par Québec, qui dénombrait hier 37 morts.
Au Canada, «le bilan approche désormais des 200 morts, soit 198 décès rapportés à ce jour». «D'autres suivront», a dit le Dr David Butler-Jones, qui invite les quatre Canadiens sur cinq qu'il reste à vacciner à se présenter dans les centres de vaccination dès qu'ils seront appelés à le faire.
Les trois quarts des décès survenus au Canada concernent des gens faisant partie des groupes prioritaires. Ainsi, contrairement à la grippe saisonnière qui fauche surtout des gens âgés, la moitié des décès attribués à cette grippe ont été rapportés chez des malades de moins de 50 ans. «C'est typique d'une pandémie où il nous est toujours difficile de prédire qui risque de développer des complications, ou même d'en mourir», a déploré le Dr Butler-Jones.
Par ailleurs, le ministre Bolduc a invité hier les parents et les commissions scolaires à être patients. Plusieurs ont en effet fait part de leur mécontentement devant l'absence de plan de vaccination constaté dans certaines régions. «Du transport scolaire sera organisé dans toutes les régions», a promis Yves Bolduc. Les parents devront signer au préalable une formule de consentement. Ils pourront aussi, s'ils le préfèrent, accompagner leur enfant à la vaccination.
La formule la plus efficace demeure toutefois celle du transport scolaire, a dit le ministre. «On a commencé dans quelques régions et tout se déroule très bien.» Le ballet complexe des autobus allait en effet bon train hier Laval, où la vaccination des écoliers avait débuté la veille. Québec suivra le pas dès aujourd'hui, tandis que Montréal doit annoncer les détails de son propre plan ce matin.