15 millions pour lancer les groupes de médecine familiale

Québec pourra finalement aller de l'avant avec ces fameux groupes de médecine de famille (GMF) grâce à une entente qui prévoit l'injection de 15 millions dès cette année et la participation de 330 médecins pour lancer 20 premiers GMF sur l'ensemble du territoire québécois.

Après plus d'un an de négociations ardues, amorcées par son prédécesseur Rémy Trudel, le ministre de la Santé et des Services sociaux, François Legault, et le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), ont apposé hier, devant les caméras, leur signature au bas de cette entente qualifiée d'«historique» et destinée à mettre fin au problème grandissant de l'accès à un médecin de famille au Québec.


L'entente signée donne suite à la promesse faite il y a plus d'un an par l'ex-ministre de la Santé, Pauline Marois, d'implanter des GMF dans tout le Québec d'ici 2004 afin de répondre aux recommandations de la commission Clair et d'assurer à l'ensemble des Québécois l'accès à un médecin de famille personnel 24 heures sur 24, sept jours sur sept.


Même si seulement 20 GMF seront fonctionnels d'ici quel-ques mois, le ministre Legault vise toujours l'implantation de ce modèle dans tout le Québec, de même que l'inscription de cinq millions de Québécois à 300 GMF d'ici quatre ans. «Le déploiement des GMF va permettre de rétablir le type de médecine pour laquelle les médecins ont été formés, soit une médecine à échelle humaine», a insisté le ministre.


Le président de la FMOQ, Renald Dutil, a quant à lui rappelé que cette entente ne créera pas plus de médecins en ces temps de pénurie mais permettra toutefois de rendre beaucoup plus efficaces ceux qui pratiqueront au sein de ces groupes de médecine de famille. «Nous avons déjà des médecins qui font de la prise en charge mais le mode d'organisation actuel favorise bien peu leur pratique», a-t-il dit.


Le ministre Legault estime quant à lui que la fidélité des patients à un seul médecin mettra fin à la multiplication des tests diagnostics et au gaspillage de ressources favorisé par le recours excessif aux cliniques sans rendez-vous. «On pense que cela va augmenter l'efficacité dans le réseau. Dans certaines provinces, on a constaté que le coût par patient avait chuté de 20 %», a-t-il expliqué, citant l'exemple de la Colombie-Britannique.


Des 15 millions de dollars versés cette année par le ministère de la Santé, cinq millions serviront à rémunérer les infirmières participantes aux GMF, cinq millions seront destinés à l'informatisation et à l'aménagement de locaux et 4,8 millions iront à un ajout à la rémunération des médecins. Ces derniers toucheront près de 70 $ l'heure pour le travail administratif et multidisciplinaire, non prévu par la rémunération à l'acte, ainsi qu'un forfait de 50 $ pour assurer la garde en fin de semaine. Quant aux chefs des GMF, ils toucheront
15 000 $ de plus par année.





Des GMF dans toutes les régions


Composés de six à dix médecins qui prendront sous leur aile de 10 000 à 20 000 patients, les GMF auront à leur emploi l'équivalent de deux infirmières à temps complet, embauchées dans la foulée de contrats de service conclus avec les CLSC. Les GMF devront signer des conventions avec les régies de leur territoire pour toucher un montant forfaitaire prévu lors de la première visite de chaque patient inscrit à leur clinique.


Les patients devront s'inscrire auprès de leur médecin et s'engager à ne consulter que ce dernier ou un collègue du GMF. En revanche, ces patients seront pris en charge et auront accès à un système de référence médicale 24 heures sur 24, sept jours sur sept, ainsi que, au besoin, à un service de garde, notamment pour les clientèles vulnérables.


Pour le ministre Legault, cela ne signifie pas qu'un patient pourra obtenir la visite à domicile d'un médecin à toute heure du jour ou de la nuit. «Ce serait impensable que le médecin soit disponible 24 heures sur 24 pour 2000 patients. Mais il y aura une prise en charge du patient en tout temps, notamment par des infirmières et le service Info Santé», a-t-il dit.


L'inscription, de rigueur pour être suivi par un GMF, sera renouvelable chaque année. Selon le Dr Dutil, les patients des médecins recrutés pour ces 20 premiers GMF seront les premiers inscrits, mais d'autres pourront s'y ajouter. Le ministre Legault a d'ailleurs prévu de lancer sous peu une campagne d'information pour inciter les gens à adhérer aux groupes de médecine de leur région.


Pour l'instant, deux groupes prendront leur envol dans chaque région, ce qui signifie que le nombre de patients inscrits dans les grandes villes demeurera limité. Par exemple, avec un GMF rattaché au CLSC des Faubourgs et un autre à une clinique de Verdun, seulement 2 % de la population de la région de Montréal pourra être suivie par un groupe de médecine de famille. «En attendant d'étendre ce modèle, il va falloir continuer à s'occuper des 7000 médecins et des six millions de patients qui ne sont pas couverts par les GMF», a souligné le représentant des médecins.

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