Les enfants pauvres sont plus petits

Qu'ils naissent au Niger, en Inde ou au Brésil, les enfants pauvres souffrent d'une santé fragile et d'un retard de croissance. Les petits Montréalais aussi, nous rappelle une étude publiée dans le plus récent numéro du Journal of Epidemiology and Community Health.

Les enfants élevés dans une pauvreté persistante entre deux ans et demi et quatre ans ont deux fois plus de risques d'être plus petits que les autres, révèle l'étude de la Dre Louise Séguin et de son étudiant à la maîtrise Zéphyre Ehounoux. En entrevue hier, la chercheuse au Département de médecine sociale et préventive de l'Université de Montréal a expliqué que 20 % des enfants de familles défavorisées se trouvent sous le 10e centile pour la taille. Cela signifie que 90 % des enfants de leur âge les regardent de haut.

Plus de 872 000 enfants, soit 12 % des petits Canadiens, grandissent dans la pauvreté au pays, selon Statistique Canada. Un taux aussi élevé qu'en 1989 malgré le programme fédéral mis en place entre-temps pour réduire la pauvreté des familles.

Alors que Statistique Canada utilise le taux de faible revenu après impôt, la Dre Séguin a plutôt demandé aux mères si loyer, épicerie, chauffage, vêtements et autres dépenses de base avaient été difficiles à assumer dans les derniers mois, jugeant le critère des revenus moins fiable.

Que la mère soit petite ou qu'elle n'ait pas terminé son secondaire n'explique pas le retard de croissance de ces enfants. Selon la spécialiste en santé publique, cela déboulonne un mythe populaire qui veut que «les enfants pauvres aient des problèmes, car leur mère manque d'éducation. Ce n'est pas le cas: ce sont les faibles revenus qui posent problème à la base».

Les 1929 mères ayant participé à cette étude ont été recrutées en 1998 et interrogées en 2000 et en 2002. Seulement 49 enfants de cet échantillon vivaient une situation de pauvreté persistante entre ces deux enquêtes.

La petite taille de ces enfants n'est que la partie visible d'un problème plus vaste causé par la pauvreté, souligne la Dre Séguin. «Ces enfants sont plus souvent atteints d'asthme et de différentes maladies chroniques, ils sont hospitalisés plus souvent», précise-t-elle.

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