Le maïs transgénique reste béni au Canada

Interdit de culture en France depuis quelques jours en raison d'«éléments scientifiques nouveaux», le maïs transgénique MON 810 ne semble nullement menacé au pays. Santé Canada a en effet décidé de ne pas revoir sa position concernant cet organisme génétiquement modifié (OGM), dont l'usage commercial a été autorisé il y a plus de 10 ans, et ce, «puisque l'interprétation des études scientifiques récentes ne le justifie pas».

«Nous sommes au courant de l'évaluation du [MON 810] qui a été faite en France, a indiqué hier au Devoir Paul Duchesne, porte-parole de l'organisme fédéral. Mais pour nous, il n'y a pas de changement à la situation présente.»

Vendredi dernier, le gouvernement français a invoqué le principe de précaution face aux OGM pour suspendre temporairement l'exploitation du maïs transgénique de la compagnie Monsanto sur son territoire. «Cette décision s'appuie sur les conclusions du comité de préfiguration de la Haute Autorité sur les OGM faisant état d'éléments scientifiques nouveaux et de la nécessité d'expertises complémentaires sur les effets sanitaires et environnementaux» du MON 810, a indiqué le cabinet du premier ministre français par voie de communiqué.

En se basant sur des études menées entre 2003 et 2007, le comité en question estime que le MON 810 s'accompagne toujours «d'interrogations quant aux conséquences environnementales, sanitaires et économiques de [sa mise en] culture», peut-on lire dans l'avis, publié début décembre, qui a motivé la décision du gouvernement français.

Ce groupe de travail évoque d'ailleurs l'impact négatif d'une pollinisation croisée entre des champs de maïs MON 810 et les cultures conventionnelles, mais parle aussi de possibles effets toxiques de ce transgène sur les lombrics et des insectes lépidoptères, dont les papillons font partie. La Haute Autorité française sur les OGM recommande d'ailleurs de renforcer les dispositifs de surveillance épidémiologiques et biologiques autour de ce produit issu de la biotechnologie, mais aussi de revoir la méthodologie des études toxicologiques qui semble, pour le moment, générer plus de questions que de réponses claires quant à l'innocuité du MON 810.

Avec la révocation du droit de culture de maïs modifié génétiquement, la France rejoint la Grèce, l'Autriche et la Hongrie, qui ont pris par le passé des mesures similaires.

Au Canada, cet OGM est massivement utilisé dans l'agriculture depuis que Santé Canada a donné à l'industrie son feu vert pour l'utilisation à des fins commerciales du MON 810. C'était il y a dix ans. Pour l'organisme fédéral, «ce maïs ne pose aucune préoccupation en ce qui concerne l'innocuité. Santé Canada est d'avis que [ce] maïs [...] est aussi sécuritaire et nutritif que les variétés de maïs offertes annuellement sur le marché», peut-on lire dans un avis datant de juin 1997 et qui n'a pas été mis à jour depuis.

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