L'espérance de vie est de 71,1 ans pour les hommes, et de 77,4 pour les femmes

La population canadienne va croissant, tout comme le vieillissement de la population d'ailleurs. Résultat: les chiffres publiés hier par Statistique Canada révèlent un bond important du nombre de décès enregistrés en 2005. Cette augmentation n'a toutefois pas fait fléchir l'espérance de vie des Canadiens, spécialement celle des hommes qui ont réduit l'écart qui les sépare encore des femmes.

En tout, 230 132 personnes sont décédées en 2005. Il s'agit d'une hausse de 1,6 %, ce qui en fait l'accroissement le plus important après celui de 1,9 % enregistré en 2002. Parmi ces personnes décédées, 116 006 étaient des hommes et 114 126 des femmes, soit 102 décès masculins pour 100 décès féminins. On est donc maintenant loin, très loin, du ratio de 1979 alors que l'on comptait 135 décès masculins pour 100 décès féminins.

Au total, le nombre de femmes décédées en 2005 a crû de 1,8 % contre 1,3 % seulement chez les hommes. Ce revirement se fait aussi sentir sur leur espérance de vie respective qui est maintenant de 71,1 ans pour un homme et de 77,4 ans pour une femme. «Depuis 1991, les hommes ont ajouté 3,4 ans à leur espérance de vie, tandis que les femmes n'en ont ajouté que 1,8, explique Brigitte Chavez, analyste à Statistique Canada. Cet écart est normal puisque les femmes ont déjà une longueur d'avance et que les gains se font plus lentement à cet âge.»

Autre signe qui ne ment pas, le taux de mortalité selon l'âge a diminué chez les personnes âgées de 50 ans et plus, ce qui confirme que l'on vit de plus en plus vieux au pays. «Même si le nombre de décès augmente chez les personnes âgées, on note quand même une baisse des taux de mortalité chez cette tranche de la population», confirme Mme Chavez.

Chez les plus jeunes toutefois, le taux de mortalité infantile a pris la tendance inverse, passant de 5,3 décès pour 1000 naissances vivantes en 2004 à 5,4 en 2005. Étonnamment, cette légère augmentation est entièrement attribuable aux bébés garçons dont les décès sont passés de 5,5 à 5,9 pour 1000 naissances vivantes. Les filles, elles, ont maintenu un taux de mortalité de 5 décès pour 1000 naissances vivantes.

Il ne faut toutefois pas trop s'étonner de ces chiffres qui sont le miroir de la réalité que connaissent toutes les unités de néonatalogie, tempère le pédiatre Michael Kramer, qui enseigne aussi à l'université McGill. «D'abord, il faut savoir que les garçons prématurés qui naissent à un très petit poids survivent moins longtemps que les filles.»

D'autre part, ce 0,1 cache une réalité statistique méconnue. Les établissements ont en effet changé leurs habitudes et déclarent des décès qui n'étaient pas compilés auparavant. «On calcule les avortements tardifs pour cause d'anomalies congénitales, mais aussi des naissances survenues aussi tôt qu'à 22 ou 23 semaines de gestation, alors que les chances de survie sont beaucoup moins grandes», précise le Dr Kramer.

Avec un taux moyen de 5,4 décès pour 1000 naissances vivantes, le Canada reste dans la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques, mais loin derrière des pays comme la Suède ou la Japon qui ont réussi à faire baisser ce taux sous la barre des 3 décès pour 1000 naissances. «Mais cet écart est moins important qu'on le croit», prévient le pédiatre. En effet, ces pays ont des modes de déclarations différents, comme la Suède, par exemple, qui ne déclare que les décès survenus à partir de la 28e semaine de grossesse.

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Mise au point

Des lecteurs se sont étonnés de lire que l'espérance de vie était de 77,4 ans pour une femme et de 71,1 pour un homme. Il s'agit plus précisément de l'âge moyen au décès pour l'année 2005 exclusivement. Cette donnée ne doit pas être confondue avec l'espérance de vie à la naissance, qui est une donnée fort différente, et qui se situe désormais à 82,7 ans pour les femmes et à 78,0 ans pour les hommes, selon le dernier rapport de Statistique Canada.
LMRS

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