Première clinique privée d'urgence au Canada
Vancouver — La toute première clinique privée canadienne traitant les urgences vient d'ouvrir ses portes à Vancouver. Et ce, malgré un vent d'opposition et l'avertissement du gouvernement qu'elle pourrait fermer ses portes si elle réclamait des frais aux usagers pour des services déjà offerts gratuitement par le système public.
Gordon Bird, le directeur du centre, est l'un des 24 spécialistes des interventions d'urgence qui oeuvrent dans cette clinique, le Urgent Care Centre, tout en poursuivant, comme les autres, sa carrière dans des hôpitaux publics de la région de Vancouver. Cette nouvelle clinique traitera les fractures, les déchirures ou d'autres conditions requérant des interventions rapides. «L'un des principes de notre organisation est que tous les médecins qui y travaillent continuent à oeuvrer dans le système public», explique le Dr Bird.«N'est-ce pas là un système à deux vitesses?», a demandé un journaliste durant la conférence de presse de l'ouverture officielle de la clinique.
«Nous répondrons à d'autres questions un peu plus tard», a rétorqué le médecin, visiblement contrarié.
Le premier ministre Harper a déjà fustigé le gouvernement albertain, qui proposait un prétendu système à deux vitesses qui permettrait aux médecins d'être des salariés de l'État tout en empochant de l'argent en travaillant dans le secteur privé.
«Une double pratique crée un conflit d'intérêts chez les médecins en ce qu'ils pourraient être portés à diriger des patients vers leurs propres cliniques privées», avait écrit le premier ministre Harper à Ralph Klein le 3 avril dernier.
«Pis encore, la médecine à deux vitesses légitime le fait de se faufiler devant les autres et de payer pour se retrouver devant la file d'attente», avait déclaré M. Harper.
Le ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, George Abbott, a déjà averti la clinique qu'elle pourrait faire face à des problèmes juridiques si elle contrevenait à la Loi canadienne sur la santé, si elle faisait notamment payer ses clients pour des services déjà couverts par le régime d'assurance maladie.
Jeudi, le gouvernement provincial a présenté un amendement législatif permettant à la Commission des services médicaux de mener une enquête sur la clinique et d'obtenir, s'il y a lieu, une injonction dans le but de la fermer.
Mais le Dr Mark Godley, qui gère cette clinique dernier cri de dix lits, estime plutôt qu'elle aidera à soulager les listes d'attente des hôpitaux.
Mais comme ses avocats le lui avaient recommandé, M. Godley ne s'est pas adressé aux journalistes lors de l'ouverture de la clinique. Sa porte-parole, Sherry Wiebe, insiste sur le fait que la clinique respecte tout à fait les lois et réglementations en vigueur, tant du côté provincial que du côté municipal, notamment sur le plan du zonage et des permis.
Mme Wiebe précise que la clinique abrite un équipement évalué à 10 millions de dollars, avec notamment un système avancé d'imagerie par résonance magnétique, le seul du genre à être disponible au Canada dans une clinique.