Freiner l'apoptose pour prévenir la maladie cardiaque et neurologique
Une équipe composée de chercheurs québécois et américains vient de désigner une nouvelle cible à viser pour prévenir les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives et limiter les dégâts qu'induisent ces pathologies. Cette nouvelle cible est une enzyme qui intervient dans le processus d'apoptose ou de mort cellulaire programmée.
En 2002, Guy Poirier, professeur à la faculté de médecine de l'Université Laval, en collaboration avec des collègues de l'école de médecine de l'université Johns Hopkins, démontrait dans la revue Science que si on activait dans des neurones l'enzyme poly-ADP-ribose polymérase-1 (PARP-1), qui entre en action très tôt dans le phénomène d'apoptose, ces neurones mouraient rapidement. Dans deux nouveaux articles publiés dans la dernière édition des Proceedings of the National Academy of Science, les mêmes chercheurs précisent que le grand responsable de la mort des neurones est en fait le produit de cette enzyme: un polymère d'ADP-ribose surnommé PAR. Aussi, sous l'impulsion de ce polymère, une protéine, appelée AIF, est libérée par la mitochondrie du noyau de la cellule et provoque la mort cellulaire sur-le-champ.«Il s'agit d'une voie distincte de la voie classique qui mène à l'apoptose», explique Guy Poirier, également directeur du Centre protéomique de l'est du Québec du Centre de recherche du CHUL-CHUQ. «Cette voie est beaucoup plus directe et entraîne la mort cellulaire très rapidement, en l'espace de cinq minutes, contrairement aux voies classiques mettant en jeu les enzymes caspases, qui conduisent à la mort des cellules en plusieurs heures.»
«Cette voie est également empruntée par les fameux radicaux libres [générés par une alimentation trop riche en gras et en sucre] qui endommagent l'ADN des cellules, poursuit le chercheur. Or les brisures dans l'ADN activent l'enzyme PARP-1 [qui, en plus de procéder aux réparations de l'ADN], produit le polymère PAR, lequel induit la libération d'AIF qui tue la cellule très rapidement. Cette voie intervient aussi dans les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives», deux catégories de pathologies dans lesquelles survient le phénomène d'apoptose.
Des molécules ayant la capacité d'inhiber l'enzyme PARP-1 préviendraient la mort cellulaire et seraient donc «neuroprotectrices ou cardioprotectrices». Elles protégeraient des effets destructeurs de l'infarctus et de la neurodégénérescence survenant dans des affections comme les maladies d'Alzheimer et de Parkinson, indique le biochimiste. La découverte de Guy Poirier ouvre ainsi «une autre avenue thérapeutique» qui apparaît très prometteuse puisque la compagnie américaine de biotechnologies Genentech prévoit d'y investir entre 600 et 700 millions de dollars. Des études cliniques menées par les géants Pfizer, Astra Zenecca et Genentech sont actuellement en cours dans le but d'éprouver différents inhibiteurs de l'enzyme PARP-1.