Vieillard maltraité dans un CHSLD - Les caméras de surveillance ne sont pas une solution, dit Couillard

Captées par une caméra cachée, les images des mauvais traitements infligés à un vieillard dans un centre d'hébergement en ont révulsé plusieurs. Philippe Couillard clame qu'il s'agit d'un cas isolé et que les choses se sont améliorées dans le réseau depuis 2003. Il n'est certainement pas question d'installer des caméras de surveillance dans ces centres, tranche-t-il.
Québec — Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, n'a aucune intention d'ordonner l'installation de caméras de surveillance dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) pour contrer les mauvais traitements que pourraient y subir leurs résidents.M. Couillard réagissait à la diffusion sur les ondes de TVA d'images, enregistrées par une caméra dissimulée, qui montrent une employée du CHSLD Meilleur, à L'Assomption, traînant par terre un vieillard qui souffre d'alzheimer et négligeant de lui assurer des soins d'hygiène élémentaires.
«On ne transformera pas les lieux de soins prolongés, pas plus que les garderies d'ailleurs, en sites de surveillance continue. Ça ne me semble pas sain pour une société de procéder comme ça», a-t-il dit.
Il vaut mieux compter sur «des visites d'appréciation» des établissements, une mesure mise en place au début de 2004 à la suite de la crise au CHSLD Saint-Charles-Borromée. Cette crise fut déclenchée par la divulgation d'un enregistrement, par un magnétophone caché, qui établissait la preuve qu'un préposé avait harcelé une patiente.
Selon le ministre, les choses se sont beaucoup améliorées dans les CHSLD depuis l'introduction de ces visites et le suivi dont les établissements font désormais l'objet. En outre, le cas du CHSLD Meilleur n'est pas nouveau, et la préposée en cause a été congédiée, a-t-il souligné.
«La grande majorité des services sont de très bonne qualité», a-t-il déclaré, tout en suggérant aux gens, toutefois, de visiter souvent leurs parents hébergés dans les CHSLD pour s'assurer de la qualité des soins.
Une poursuite de 80 000 $ a été déposée à la Cour supérieure contre le CHSLD Meilleur, à L'Assomption, par une dame dont le père aurait été victime de gestes qui ne respectent pas sa dignité, en plus d'avoir été traîné par terre par une préposée, congédiée depuis.
Toutes ces scènes ont été filmées par une caméra que Chantal Contant avait dissimulée dans la chambre de son père Léandre, 78 ans, qui est hébergé depuis mai 2004 au Centre d'hébergement et de soins de longue durée de L'Assomption.
Accompagnée de son avocat, Me Jean-Pierre Ménard, elle a d'ailleurs présenté aux médias, hier, quelques minutes des films tournés par sa caméra sur une période de quelques mois.
L'incident le plus grave, celui au cours duquel son père, qui avait fait une chute, aurait été traîné jusqu'à son lit, a déjà été diffusé à la télévision en décembre dernier. L'employée en question avait été congédiée.
D'autres événements, qui révèlent un manque d'hygiène et de respect de l'intimité de
M. Contant, sont également dénoncés par sa fille.
M. Contant réside toujours dans le même centre d'hébergement, sa fille n'ayant pas voulu lui enlever ses points de repère, puisqu'il est atteint de la maladie d'Alzheimer et a besoin de se raccrocher au peu de lieux et de personnes qu'il reconnaît, a-t-elle expliqué à la presse.
La poursuite
Les 80 000 $ sont ventilés ainsi: 40 000 $ à Léandre Contant pour «douleurs, souffrances, inconvénients et perte de jouissance de la vie, atteinte à sa dignité»,
20 000 $ à sa fille pour «inquiétudes et inconvénients» et 20 000 $ en dommages exemplaires.
Dans les séquences présentées aux médias, on voit M. Contant être changé de culotte d'incontinence sans être lavé avant qu'on lui en remette une propre. On voit également qu'on le laisse circuler plusieurs minutes en sous-vêtements dans la salle commune, sans lui enfiler une robe de chambre. Mme Contant affirme également qu'elle a retrouvé les fils de sa caméra sectionnés.
Caméra
Si Mme Contant est passée à l'étape d'installer une caméra dans la chambre de son père, c'est parce qu'elle avait constaté que celui-ci avait des ecchymoses aux mains et aux bras. Les réponses obtenues de la part des employés — «il a dû se cogner» — la laissaient insatisfaite.
Me Ménard soutient qu'il est légal d'installer de telles caméras dans les chambres de ce type d'établissement puisque les chambres constituent un «milieu de vie substitut» pour la personne âgée, l'équivalent d'un chez-soi. «Les gens n'ont pas de permission à demander» et la pratique ne peut leur être interdite par l'établissement, tant que la caméra est installée à l'intérieur de la chambre, selon lui. Il affirme que les images ainsi obtenues sont même admissibles en preuve devant le tribunal.
Me Ménard ne va toutefois pas jusqu'à conseiller aux gens d'installer à leur tour de telles caméras. Il invite toutefois les gens à poser des questions, à visiter leurs parents âgés et à s'intéresser à leur sort.
Le Devoir
Avec la Presse canadienne