Prix d'excellence Desjardins - Souvenirs en tête

La doctorante en biophysique à l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) Caroline Ménard traque les souvenirs dans les méandres du cerveau humain. «Comment s'impriment-ils, mais surtout comment s'effacent-ils? Voilà ce que je cherche», annonce-t-elle. Le résultat de sa quête pourrait éventuellement révéler la cause des premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer.
Les hypothèses soulevées par Caroline Ménard découlent des récentes découvertes neurobiologiques. Plusieurs scientifiques ont établi que la plasticité neuronale — la capacité des cellules nerveuses à s'adapter à leur environnement, aux besoins ou aux expériences du corps — a une influence positive sur le glutamate, qui joue un grand rôle dans le processus de mémorisation. La plasticité peut cependant affecter les récepteurs de glutamate à un point tel que les neurones en meurent.«Mon projet semble un peu ésotérique, car je tente de faire un lien entre la pensée et le corps», remarque Caroline Ménard en riant. Elle se penche actuellement sur le rôle des phospholipases A2 (PLA2) dans les mécanismes de plasticité. Ces enzymes préservent la membrane cellulaire tout en produisant les fameux acides gras oméga-3 et oméga-6. Selon les observations de la biophysicienne, les neurones de l'hippocampe, soumis à l'action des PLA2, sont plus sensibles aux effets du glutamate. La phosphorylation des sous-unités des récepteurs de glutamate de type AMPA se produit alors. Cette modification constitue l'une des étapes cruciales de la consolidation des souvenirs. L'objectif général de la recherche est de définir le lien unissant les PLA2 aux récepteurs de type AMPA.
Pionnières dans ce domaine, Caroline Ménard et son équipe tentent donc de percer le mystère de l'action des PLA2 et de leurs acides gras dans le processus de la mémoire. «Nous savons que les oméga-3 sont bénéfiques, mais nous ne savons pas pourquoi», donne-t-elle en exemple. Cette recherche en amont de la déficience cognitive pourrait ouvrir la voie à de nouvelles perspectives pharmacologiques dans le traitement de la maladie d'Alzheimer.
Celle qui partage son temps entre le laboratoire et les mille et un comités universitaires auxquels elle siège est, par ailleurs, ravie de contribuer à la mise en valeur de la recherche scientifique en région. «L'honneur que me fait l'Acfas est tellement gratifiant. Cela permet de ne pas associer la recherche qu'aux grands centres. En plus, le "timing" est génial puisque l'UQTR est l'hôte du 75e Congrès de l'Acfas l'an prochain!», conclut-elle avec enthousiasme.