Maladies infantiles: du travail sur la planche
Un rapport révèle qu'il est impossible de connaître le taux exact de vaccination des enfants de moins de deux ans au Québec et qu'il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de vaccination visés chez les jeunes enfants dans plusieurs régions.
Le quatrième bilan des Priorités nationales de santé publique 1997-2002, que vient de publier le ministère de la Santé, démontre en effet qu'il reste beaucoup de travail sur la planche pour atteindre les objectifs que s'était fixés le gouvernement en 1997.Selon cette politique, le taux de vaccination des enfants québécois contre la plupart des maladies infantiles et l'hépatite B devait atteindre 95 % en 2002. Or cette cible est parfois loin d'être atteinte, note le rapport, et les données sur la couverture vaccinale sont défaillantes.
De fait, on constate qu'il est à l'heure actuelle impossible d'avoir un portrait précis du pourcentage d'enfants de moins de deux ans ayant reçu les vaccins recommandés au calendrier de vaccination régulier.
Des données partielles permettent de savoir que le taux de vaccination de 95 % est atteint dans seulement quatre régions du Québec. Dans d'autres régions, notamment en Estrie, le taux de vaccination ne dépasse pas 79 % pour le vaccin diphtérie-coqueluche-tétanos-polio-haemophilus B (DCTPH) et 71 % pour le vaccin rubéole-rougeole-oreillons.
Selon le calendrier recommandé, les enfants devraient recevoir quatre doses du vaccin DCTPH, une dose du vaccin contre l'haemophilus influenza et deux doses du vaccin RRO à l'âge de deux ans. Or un système d'information fiable sur la vaccination n'est présent que dans les CLSC de cinq régions du Québec, soit le Saguenay-Lac-Saint-Jean, Québec, l'Estrie, le Bas-Saint-Laurent, Chaudière-Appalaches et Laval.
«Le faible avancement dans l'implantation du système d'information sur la vaccination explique toujours notre incapacité à estimer les couvertures vaccinales des enfants québécois de deux ans», note le rapport. À ce jour, une seule région peut se targuer de fournir des données complètes sur les enfants de son territoire. Aucune donnée n'est disponible pour treize régions.
Par ailleurs, on se rend compte que les données sont peu fiables pour les enfants fréquentant la maternelle et que des taux de vaccination oscillant entre 80 % et 97 % sont observés.
«Dans la seule région où les résultats sont complets, la couverture n'atteint toujours pas le résultat attendu», rappelle ce quatrième bilan.
Ainsi, en Estrie, où l'on dispose de données assez complètes, la proportion d'enfants qui ont reçu le vaccin RRO ne dépasse pas 80 % et plafonne à 82 % pour le vaccin DCTPH. En Montérégie, des données provenant d'un échantillon de 12 700 enfants suivis en garderie dévoile que seulement 80 % ont reçu le RRO.
Chez les enfants d'âge scolaire, on constate que les rappels pour ces deux vaccins sont souvent oubliés. De même que la vaccination contre l'hépatite B, suggérée au secondaire, et dont l'objectif de vaccination visé est de 95 % des enfants de 15 ans.
Ainsi, les informations disponibles en Montérégie nous apprennent que la couverture vaccinale contre l'hépatite B ne dépasse pas 45 % chez les ados. Quant au vaccin RRO, seulement 54 % des écoliers avaient reçu leur dose de rappel, tandis que 64 % avaient reçu celui contre la diphtérie et la polio.
Objectif atteint:
personnes âgées
Heureusement, les résultats de vaccination obtenus chez les personnes âgées de plus de 65 ans sont très encourageants. Quatre ans après le lancement des priorités nationales de santé publique en mars 1997, on constate que le taux de personnes âgées vivant en centres d'hébergement vaccinées contre la grippe a atteint l'objectif-cible de 80 %.
On estime que 80,6 % de cette population est vaccinée, comparativement à seulement 64 % en 1996-97. Cette couverture a permis de réduire de façon substantielle les complications entraînées par la grippe chez les personnes âgées hébergées.
Il reste cependant encore beaucoup de sensibilisation à faire pour vacciner le personnel soignant dans ces centres d'hébergement et les hôpitaux, qui constitue la principale source de transmission de la grippe dans ces milieux. En effet, en 2001, seulement 28 % du personnel soignant se déclarait vacciné, ce qui est très en deçà des proportions recommandées.
Des pas importants ont aussi été faits chez les personnes âgées de plus de 65 ans vivant en «milieu ouvert», puisqu'on frise un taux de vaccination de 60 %. La part des aînés vaccinés oscille entre 53 % et 88 % selon les régions, avec une moyenne de plus de 58 % pour l'ensemble du Québec. Cela constitue un progrès significatif depuis 1996, alors que le nombre d'adultes vaccinés ne dépassait pas 42 %.