Le père d’une victime de l’incendie du Vieux-Montréal intente une poursuite de 22 millions

Randy Sears a perdu son fils Nathan lors de l’incendie qui a fait au total sept victimes le 16 mars dernier, sur la place d’Youville.
Valérian Mazataud Le Devoir Randy Sears a perdu son fils Nathan lors de l’incendie qui a fait au total sept victimes le 16 mars dernier, sur la place d’Youville.

Le père d’une des victimes de l’incendie qui a ravagé un immeuble du Vieux-Montréal intente une action collective contre le propriétaire des lieux, le gestionnaire des logements et la compagnie Airbnb.

Randy Sears a perdu son fils Nathan, 35 ans et docteur en science politique, lors de l’incendie qui a causé sept décès le 16 mars dernier, sur la place d’Youville. Le jeune homme était de passage à Montréal pour assister à une conférence en études internationales et avait loué un logement dans l’immeuble qui a été dévoré par les flammes.

Son père poursuit donc, pour une somme de 22 millions de dollars, le propriétaire de l’immeuble, Emile-Haim Benamor, le locateur des logements Airbnb qui y existaient, Tarik Hassan, ainsi que la compagnie Airbnb elle-même.

« [Emile-Haim Benamor] a échoué et a négligé son obligation de s’assurer que tous les logements à louer dans l’immeuble se conformaient aux règles et aux régulations détenant des standards minimums de santé et de sécurité […] », peut-on lire dans la poursuite.

Tarik Hassan, également visé par la poursuite, louait des logements dans l’immeuble de M. Benamor et les affichait ensuite sur Airbnb pour des séjours de courte durée. Ces logements ne respectaient pas la réglementation municipale concernant Airbnb.

La poursuite accuse également la compagnie d’avoir « permis d’afficher des annonces non autorisées par le gouvernement du Québec et donc illégales ».

Le demandeur souhaite obtenir des dommages-intérêts compensatoires dont la somme reste à déterminer, ainsi que des dommages-intérêts punitifs de 22 millions de dollars.

« Les défendeurs ont démontré qu’ils étaient plus soucieux de générer des profits pour eux-mêmes plutôt que de veiller à la sécurité et à la santé [des locataires] », affirme M. Sears dans la poursuite.

Annonces illégales

La semaine dernière,la compagnie Airbnb a affirmé qu’elle allait supprimer d’ici le 28 mars toutes les annonces de logements de location de courte durée qui ne respectaient pas la réglementation québécoise. Selon un rapport du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, 79 % des locations offertes sur Airbnb au Québec en février n’avaient pas de numéro d’enregistrement à la Corporation de l’industrie touristique du Québec. Cette certification est pourtant nécessaire afin de louer légalement un logement sur la plateforme.

Après avoir rencontré la semaine dernière la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, le directeur régional d’Airbnb, Nathan Rotman, s’est engagé à resserrer les vérifications faites auprès des locateurs en ajoutant « un champ exigeant un numéro d’enregistrement pour toutes les nouvelles annonces ». Si celles-ci n’ont pas de numéro, elles seront supprimées.

Malgré ce renforcement des procédures sur la plateforme, il a fallu à peine cinq minutes mercredi au Devoir pour créer une annonce Airbnb avec un numéro d’enregistrement inventé de toutes pièces.

À voir en vidéo