Une policière d’expérience de la SQ est tuée en fonction

Maureen Breau, qui comptait un peu plus de 20 ans d’expérience, est tristement devenue la neuvième policière québécoise morte au travail, et la troisième de la force policière québécoise.
Sûreté du Québec Maureen Breau, qui comptait un peu plus de 20 ans d’expérience, est tristement devenue la neuvième policière québécoise morte au travail, et la troisième de la force policière québécoise.

La sergente de la Sûreté du Québec (SQ) Maureen Breau n’est pas rentrée chez elle après son quart de travail lundi soir : la mère de famille a été tuée en fonction, alors qu’elle était chez un homme pour procéder à son arrestation, à Louiseville, en Mauricie.

La policière, qui comptait un peu plus de 20 ans d’expérience, est tristement devenue la neuvième policière québécoise morte en service, et la troisième femme de la force policière québécoise.

Avec un collègue, la sergente Breau s’est rendue vers 20 h 30 chez un homme de 35 ans pour l’arrêter, en lien avec des menaces qu’il aurait apparemment proférées. Alors qu’ils étaient en train de lui lire ses droits — une procédure normale lors d’une arrestation —, l’homme aurait pris un couteau qui était à proximité et aurait poignardé la policière, a indiqué le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), qui est chargé de faire la lumière sur ce qui s’est passé.

Deux autres policiers sont arrivés peu après sur les lieux. L’un d’eux a ouvert le feu et abattu l’individu. Les circonstances exactes de cet autre affrontement n’ont pas été précisées par le BEI. Lors de cette intervention, un policier a été blessé, mais sa vie n’est pas en danger.

Troubles mentaux

L’homme qui devait être arrêté ce soir-là avait des antécédents criminels, notamment pour des actes violents commis dans le passé. Isaac Brouillard-Lessard avait aussi été déclaré criminellement non responsable de ses gestes pour cause de troubles mentaux à quelques reprises et avait été hospitalisé.

L’an dernier, la Commission d’examen des troubles mentaux l’a autorisé à résider hors d’un hôpital psychiatrique, même si elle jugeait qu’il représentait toujours, en raison de son état mental, « un risque important pour la sécurité du public ».

C’est la SQ qui a eu la pénible tâche d’annoncer mardi matin la mort de l’une des siennes.

La policière Breau était affectée au poste de la SQ situé à Louiseville, municipalité où l’intervention policière s’est déroulée lundi soir. Elle avait commencé sa carrière au sein de la force de police municipale de la ville de Shawinigan, qui a mis ses drapeaux en berne mardi. Son conjoint est aussi policier à la SQ, et ils ont deux enfants.

L’enquête du BEI a été déclenchée le soir même : l’organisme a pour mandat d’investiguer dans tous les cas où une personne autre qu’un policier en service décède, subit une blessure grave ou est blessée par une arme à feu lors d’une intervention policière ou durant sa détention.

Le Service de police de la Ville de Montréal agira en tant que corps policier de soutien dans cette affaire et s’occupera aussi de l’enquête criminelle sur la mort de Mme Breau.

Six ans se sont écoulés depuis la mort d’un policier en fonction au Québec : Richer Dubuc, de la Gendarmerie royale du Canada, avait perdu la vie en mars 2017.

La directrice générale de la SQ, Johanne Beausoleil, a déclaré mardi par communiqué avoir appris « avec une immense tristesse » le décès de la sergente Breau. Elle a offert des condoléances à son conjoint, à ses enfants, à sa famille et à ses collègues de travail.

La directrice a ajouté qu’une telle épreuve rappelait le danger que pose le métier de policier dans des situations extrêmes comme celle à laquelle ont dû faire face la sergente, ses confrères policiers et les préposés aux télécommunications d’urgence qui sont intervenus en soutien.

« La profession policière est de plus en plus éprouvée. Il est important de se soutenir dans cette période douloureuse », a renchéri le président de l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec, Jacques Painchaud.

Le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, a tenu à offrir ses condoléances à la famille de la sergente depuis l’Assemblée nationale. « Nos policiers font un travail qui n’est pas facile. Ces hommes et ces femmes méritent tout notre respect », a-t-il ajouté, incitant les citoyens à leur dire merci.

La SQ ajoute qu’un hommage solennel à la sergente Maureen Breau sera rendu ultérieurement.

Toute la journée, des forces policières d’un peu partout au Canada ont offert leurs condoléances aux proches de la policière et leur soutien à tous ceux éprouvés par la perte d’une collègue. Plusieurs ont affiché sur les réseaux sociaux son matricule « 11581 » en guise d’hommage.

Si l’on inclut la policière Breau, 190 policiers québécois sont morts en fonction, selon le Tableau commémoratif de l’École nationale de police du Québec.

Avec La Presse canadienne

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