Craignant qu’il ne commette un acte terroriste, la GRC arrête un jeune à Montréal

Cette arrestation avait pour but de protéger la sécurité publique et de « perturber ses activités suspectes », a fait savoir la GRC.
Darryl Dyck Archives La Presse canadienne Cette arrestation avait pour but de protéger la sécurité publique et de « perturber ses activités suspectes », a fait savoir la GRC.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a arrêté jeudi matin un Montréalais de 18 ans, Mohamed Amine Assal. Elle a dit avoir des motifs de craindre qu’il ne commette des infractions en matière de terrorisme. C’est le FBI qui a alerté les autorités canadiennes.

La force policière américaine a intercepté des communications du jeune dans lesquelles il aurait notamment conseillé une autre personne sur la confection d’engins explosifs artisanaux et aurait diffusé des écrits de propagande terroriste liés au groupe État islamique, selon nos informations.

L’étudiant qui habite l’arrondissement de Saint-Laurent a comparu par visioconférence jeudi après-midi. Très mince, les cheveux noirs bouclés, le cégépien s’est tenu très raide depuis le centre de détention et hochait par moments la tête pour manifester qu’il comprenait le processus.

Il a été remis en liberté par le juge Alexandre Dalmau, de la Cour du Québec.

 

Le magistrat lui a toutefois imposé une très longue liste de conditions, dont un couvre-feu, une interdiction de quitter la province, la remise de son passeport canadien, une interdiction d’aller en ligne avec son cellulaire ou d’autres appareils sauf pour ses travaux scolaires et, surtout, le port d’un bracelet GPS installé par la GRC pour suivre tous ses mouvements.

« Ce sont pas mal les conditions les plus strictes qu’on peut avoir », a déclaré l’avocat du jeune homme, Me Michael Morena, à l’extérieur de la salle de cour, au palais de justice de Montréal.

Son client, qui n’a pas d’antécédents judiciaires, est « consterné », dit-il : « Ce sont des allégations sérieuses. Monsieur, c’est un jeune homme. Il était estomaqué par la situation. »

La GRC avait des motifs de craindre qu’il commette un crime, « soit de conseiller une infraction en matière de terrorisme et de faciliter une activité terroriste, en raison des échanges de monsieur sur les réseaux sociaux », a précisé la procureure de la Couronne fédérale Me Nancy Perrault.

Selon nos informations, il aurait aussi tenté de radicaliser d’autres personnes, et dans certains messages relayés, notamment sur Telegram et Reddit, il était question d’attentats et de décapitations.

Aucune accusation criminelle n’a encore été déposée contre lui : pour le moment, la preuve ne le permettait pas, a déclaré Me Perrault, qui ne s’est pas opposée à la remise en liberté du jeune homme.

Selon la GRC, l’arrestation avait pour but de « perturber les activités suspectes » de l’individu, mais aussi de protéger la population. On se devait d’agir rapidement, a expliqué le sergent Charles Poirier, de la GRC. Un mandat d’arrestation a donc été lancé et une perquisition de sa résidence a eu lieu jeudi matin.

Mohamed Amine Assal devra revenir devant le tribunal le 4 mai prochain. À ce moment-là, la Couronne fédérale demandera qu’il prenne un engagement de ne pas troubler la paix et l’ordre public conformément à l’article 810 du Code criminel. S’il refuse, la Cour pourrait l’ordonner.

Dans un tel cas, le magistrat peut imposer toute une liste de conditions. Toutefois, la personne qui signe un « 810 » n’est pas reconnue coupable d’un crime et n’aura pas de casier judiciaire.

La GRC poursuit son enquête pour amasser des preuves contre lui, ce qui pourrait mener au dépôt d’accusations criminelles.

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