Le Festival western de St-Tite de retour devant le tribunal

C’est au MAPAQ d’agir pour faire respecter la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal s’il juge qu’elle est bafouée par les activités du rodéo, soutient le Festival de St-Tite.
Valérie Jodoin-Keaton / Archives / Collaboration Le Devoir et ONF C’est au MAPAQ d’agir pour faire respecter la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal s’il juge qu’elle est bafouée par les activités du rodéo, soutient le Festival de St-Tite.

Le Festival western de St-Tite était de retour devant la justice mardi matin : il a tenté de se débarrasser d’une demande d’injonction déposée par l’organisme Droit animalier Québec (DAQ). Celui-ci veut faire interdire deux épreuves du populaire rodéo pour cause de maltraitance animale.

DAQ s’en prend au traitement réservé aux jeunes animaux lors de la « prise du veau au lasso » et du « terrassement du bouvillon ».

« Ces activités constituent un traitement qui leur cause des douleurs aiguës, une anxiété et une souffrance excessives, les plaçant ainsi dans une situation de détresse », est-il écrit dans la demande d’injonction. Lors de la prise au lasso, l’animal est étranglé. Quant au terrassement, l’animal est saisi par les cornes et on lui tourne le cou parfois jusqu’à 180 degrés, fait valoir DAQ.

Le groupe a donc demandé à la justice de prononcer une injonction afin d’interdire ces épreuves.

Le Festival de St-Tite n’a pas voulu attendre au procès. Il a demandé à un juge de rejeter l’action immédiatement, faisant valoir que DAQ n’a pas l’intérêt requis pour formuler de telles demandes.

C’est au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) d’agir pour faire respecter la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal s’il juge qu’elle est bafouée. Or, par sa demande d’injonction, DAQ tente de se substituer aux autorités publiques, a indiqué Me Frédéric Laflamme au nom du festival.

Le ministère est en train d’étudier la question et a mis en place un comité consultatif en 2018 : on ne peut donc pas dire que le gouvernement ne fait rien, a-t-il souligné. Mais « on ne peut pas dire que cela soit rapide », lui a lancé le juge Marc Paradis, de la Cour supérieure, lors de l’audition qui s’est déroulée à Shawinigan.

Quant à l’avocate de DAQ, Me Anne-Julie Asselin, elle a lancé d’entrée de jeu que l’organisme ne cherchait pas à représenter les veaux et les bouvillons. « On cherche à agir dans l’intérêt public. L’État ou le MAPAQ n’a pas le monopole de l’intérêt public. »

Le bien-être animal est devenu une préoccupation sociétale, a souligné l’avocate, ajoutant que les animaux au Québec ne sont plus considérés comme des « biens ». Il y a une responsabilité individuelle et collective de veiller sur eux. Et puis, dit-elle, impossible de savoir si le MAPAQ va faire quoi que ce soit : il a déjà reçu des rapports dans le passé et n’a pas agi.

Me Asselin a rappelé que sa demande d’injonction ne s’en prenait pas aux agriculteurs ni aux éleveurs : elle vise uniquement certaines activités du festival. Elle a fait valoir que d’autres groupes s’étaient vu reconnaître l’intérêt nécessaire pour agir dans le passé, rappelant notamment le dossier des cerfs de Longueuil, que la Ville voulait abattre. C’est un groupe de protection des animaux qui a mené le combat.

Le juge Paradis a pris la demande en délibéré et a promis de rendre son jugement « dans les meilleurs délais ». La prochaine édition du festival doit avoir lieu en septembre.

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