Harold LeBel condamné à huit mois de prison

L’ancien député péquiste Harold LeBel fera huit mois de prison pour avoir agressé sexuellement une collègue de travail en 2017. « Ça vient me chercher d’être vu comme quelqu’un qui est un agresseur », a-t-il dit au moment d’entendre sa peine, jeudi.
M. LeBel sera inscrit pour 20 ans au registre national des délinquants sexuels. « C’est terrible pour moi, ce qui… Ma carrière, mes valeurs profondes. J’ai tout le temps été quelqu’un qui a été proche des groupes qui luttaient contre les agressions », a-t-il déclaré devant le juge Serge Francoeur.
Quelques minutes plus tôt, une des avocates de la poursuite avait lu un texte de la victime, dont l’identité est toujours protégée par une ordonnance de la cour : « le seul point positif est que cela me permet de tourner la page. […] Mais ça n’efface pas la douleur ni la peine. »
« Vous croyez connaître quelqu’un, et, en quelques secondes, tout s’écroule », a lu Me Manon Gaudreault. « Cela m’a pris du temps à accepter d’être touchée sur certaines parties de mon corps. Il m’arrive de garder ce réflexe de recul encore aujourd’hui. »
Huit mois plutôt que dix ans
Selon l’avocat de la défense, Me Maxime Roy, la décision prise mercredi par la Cour d’appel du Québec quant à la peine de douze mois de l’ingénieur Simon Houle « vient confirmer » la validité de la sentence prononcée contre M. LeBel.
« Dans “Simon Houle”, ce que la Cour considère, c’est que la gravité est plus grande, considérant le voyeurisme et les photos prises par l’accusé. Ce qui n’est pas le cas dans la situation de M. LeBel [et ce] qui justifie qu’il y a quatre mois de moins de détention », a-t-il indiqué.
L’ex-politicien LeBel, lui, a été reconnu coupable d’un chef d’agression sexuelle en novembre, mais il attendait jusqu’ici des détails sur sa peine.
Interrogée à sa sortie de la salle d’audiences du palais de justice de Rimouski, la procureure, Manon Gaudreault, a soutenu que M. LeBel recevait une peine de huit mois plutôt que les dix ans dont sont passibles les agresseurs sexuels parce qu’il n’avait pas d’antécédents judiciaires et qu’il était « actif » dans sa communauté.
Quelques minutes avant de faire connaître la sentence, le juge Francoeur a reproché à M. LeBel d’avoir « plongé la victime » dans un « tourbillon ». « Cette jeune femme […], malgré une grande force mentale, a vu son monde s’écrouler, trahi par ce qu’elle considérait comme un ami, un mentor », a-t-il affirmé.
Tant le juge Francoeur, en cour, que la procureure Gaudreault, en mêlée de presse, ont dit espérer que cette peine dissuadera quiconque de commettre une agression sexuelle. « Ça peut contribuer à redonner la confiance aux victimes. Lorsqu’elles dénoncent, il y a des conséquences », a dit cette dernière.
Malgré la peine en apparence de courte durée, Me Gaudreault a assuré que le message passera. « C’est probablement certain que M. [LeBel] va sortir avant les huit mois, mais moi, je vous invite à aller passer juste une demi-heure [en prison], a-t-elle lancé. Après ça, vous me direz si ce n’est pas long. »