L’homme qui aurait percuté la fillette de sept ans accusé de délit de fuite mortel

Le conducteur qui aurait percuté la fillette ukrainienne de sept ans qui se rendait à l’école, mardi matin à Montréal, a officiellement été accusé de délit de fuite mortel.
Mercredi midi au palais de justice de Montréal, Juan Manuel Becerra Garcia a été inculpé d’avoir omis de s’arrêter à la suite d’un accident ayant causé la mort et la Couronne s’est opposée à sa remise en liberté.
M. Becerra, âgé de 45 ans, a assisté à l’audience de façon virtuelle depuis une salle de détention de la police. L’homme de 45 ans, qui n’a pas de dossier criminel, portait un t-shirt blanc et une queue-de-cheval.
Le procureur de la Couronne, Alexandre Gautier, a expliqué en mêlée de presse qu’il s’était opposé à la remise en liberté de l’accusé pour s’assurer qu’il se présente à la prochaine audience, pour réduire les risques pour la population et pour protéger la confiance du public envers le système judiciaire.
« On va continuer à évaluer le dossier, l’enquête va continuer également, et on pourra prendre une position plus ferme dans les jours qui vont suivre », a mentionné Me Gautier.
M. Becerra, qui habite la Rive-Sud, reviendra devant le tribunal jeudi, et un interprète sera dans la salle afin de lui communiquer les informations en espagnol. L’objectif de cette audience sera de déterminer une date pour l’enquête sur remise en liberté, à moins que les parties en viennent à une entente concernant des conditions de mise en liberté sous caution.
Notre dossier en rappel
« C’est encore à évaluer ; on est encore tôt dans le processus. Chose certaine, je veux en profiter pour offrir toutes nos sympathies à la famille de la plaignante, c’est sûrement un événement troublant. On va travailler avec eux pour la suite des choses », a souligné Me Gautier.
Réfugiée ukrainienne
La fillette de sept ans, Maria Legenkovska, était récemment arrivée au Canada avec sa mère, son frère et sa soeur. La petite famille fuyait la guerre en Ukraine.
Michael Shwec, du Congrès ukrainien canadien, a assuré mercredi qu’un prêtre est en contact avec la mère et qu’une collecte de fonds en ligne serait organisée pour aider la famille à couvrir les frais des funérailles.
Selon M. Shwec, la fillette, qui s’appelait Maria si l’on se fie à une collecte de fonds déjà lancée, était arrivée avec sa mère, son frère et sa soeur cette année, alors que le père est resté en Ukraine pour combattre l’invasion russe.
« C’est une tragédie épouvantable, un cauchemar pour la mère, la soeur et le frère, mais aussi pour la communauté, a admis M. Shwec en entrevue avec La Presse canadienne. Nous accueillons le soutien de tous les gens de Montréal, du Québec et du Canada pour cette mère avec leurs prières, mais aussi avec de l’aide financière s’ils le peuvent. »
Mercredi, l’hôtel où travaille la mère de la fillette a lancé sa propre campagne de sociofinancement. En début de soirée, elle avait récolté plus de 20 000 $ en dons. Selon les informations fournies sur la page de la campagne, la mère travaille à l’Hôtel Labelle depuis son arrivée au Canada, en juillet 2022. L’argent amassé servira à l’organisation des funérailles et à couvrir d’autres dépenses.
La fillette a été happée par un véhicule alors qu’elle marchait vers 8 h, mardi matin, sur la rue Parthenais, près de l’intersection de la rue de Rouen, un secteur résidentiel.
Selon les policiers, le conducteur du véhicule a quitté les lieux avant l’arrivée des agents et des premiers intervenants. La porte-parole de la police de Montréal Mariane Allaire Morin a indiqué que l’automobiliste s’est finalement rendu à la police mardi après-midi.
Quant à la fillette, elle a été transportée d’urgence à l’hôpital où son état était d’abord jugé critique. Son décès a finalement été confirmé en fin de journée par les autorités.
« Soyez prudents », dit Legault
Au lendemain du drame, le premier ministre François Legault est revenu sur la sécurité des enfants près des écoles lors d’une mêlée de presse à Québec.
« Il y a des règles dans les zones scolaires, donc je peux juste faire un appel à tous les Québécois : s’il vous plaît, dans les zones scolaires, soyez prudents », a lancé M. Legault devant les journalistes.
Depuis le drame, de nombreux résidents du secteur ont dénoncé le non-respect de la signalisation routière près du lieu où est survenue la collision. La situation a empiré, selon eux, depuis le début des travaux majeurs au tunnel Louis-Hyppolite-La Fontaine, qui ont augmenté le volume de circulation dans les rues résidentielles à proximité du pont Jacques-Cartier.
Appelé à préciser sa pensée, en anglais, M. Legault a tout de même estimé que « la plupart des Québécois respectent les limites dans les zones scolaires ».
« Nous avons des policiers qui s’assurent que c’est le cas. Et je demande aux Québécois de faire attention, on parle de nos enfants. »
On ne connaît pas encore les détails concernant les circonstances entourant la collision. Le procureur au dossier, Me Gautier, n’a pas voulu s’avancer à ce sujet lors de son point de presse — il a plutôt invité les journalistes à attendre les prochaines étapes du processus judiciaire.
Pour l’heure, seule une accusation de délit de fuite mortel a été portée contre M. Becerra, mais Me Gautier a convenu que l’enquête suit son cours et que de nouveaux développements pourraient survenir.
Dans tous les cas, M. Legault a reconnu les conséquences terribles de cet accident.
« C’est tellement triste ce qui est arrivé : on a quelqu’un qui part d’une zone de guerre et qui s’en vient ici se faire frapper, c’est tellement triste. Mais soyons prudents dans les zones scolaires. »