Infanticide à Laval: «Mon père a tué mon frère et ma soeur»

Un garçon de 11 ans et une fille de 13 ans ont été retrouvés inanimés dans leur résidence du quartier Sainte-Dorothée, à Laval.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Un garçon de 11 ans et une fille de 13 ans ont été retrouvés inanimés dans leur résidence du quartier Sainte-Dorothée, à Laval.

« Dites-leur que mon père a tué mon frère et ma soeur. » C’est avec ces mots qu’une jeune fille de 18 ans est sortie en trombe de chez elle lundi pour obtenir de l’aide, a rapporté une voisine qui a contacté les services d’urgence. Son père, 45 ans, a été arrêté par la police de Laval le soir même ; il sera accusé de deux meurtres au premier degré.

Un garçon de 11 ans et une fille de 13 ans ont été retrouvés inanimés dans leur résidence du quartier Sainte-Dorothée, à Laval. Leur décès a été prononcé à l’hôpital.

Selon l’acte de dénonciation déposé mardi, l’accusé, Kamaljit Arora, a aussi tenté d’étrangler une femme de 45 ans, des gestes pour lesquels il sera accusé de voies de fait.

Les circonstances dans lesquelles les deux enfants ont trouvé la mort n’ont pas encore été dévoilées par la police de Laval, mais selon leur voisine immédiate sur la rue Lauzon, la soeur aînée de la famille est sortie de la maison en panique pour demander de l’aide.

Annie Charpentier venait de garer sa voiture dans la rue, peu avant 18 h, quand la jeune fille de 18 ans s’est précipitée vers elle en criant « I need a phone ! » (« J’ai besoin d’un téléphone ! »). La femme rapporte avoir rapidement pris son cellulaire en lui demandant quel numéro elle voulait appeler. « Le 911, a-t-elle lancé en anglais. Dites que mon père a tué mon frère et ma soeur. »

La mère de famille criait et la jeune fille était paniquée, a raconté Mme Charpentier mardi.

Les policiers sont arrivés rapidement sur la rue Lauzon, pendant qu’elle était encore au téléphone avec les services d’urgence. « Si j’avais été à la maison plus tôt, j’aurais peut-être pu agir… » s’est désolée la mère de famille en secouant doucement la tête.

Kamaljit Arora devait d’abord comparaître mardi après-midi au palais de justice de Laval, mais son état de santé ne l’a pas permis, a indiqué au tribunal la procureure de la Couronne Me Karine Dalphond. L’homme est actuellement hospitalisé et n’a pas encore pu parler à un avocat. Il est désormais prévu qu’il comparaisse mercredi après-midi pour être officiellement accusé des trois crimes. Il n’avait pas d’antécédents judiciaires.

Me Dalphond n’a pas voulu révéler si l’homme s’était infligé lui-même les blessures ayant entraîné son hospitalisation. Il faudra maintenant attendre la suite des procédures criminelles pour en savoir plus.

La famille de cinq personnes n’était pas très connue dans le voisinage. Des résidents du secteur ont expliqué qu’elle avait emménagé récemment dans la résidence, un jumelé de pierre grise entouré d’arbres matures. La plupart ont avoué ne pas la connaître.

Mais Annie Charpentier, qui habite le lot contigu depuis huit ans — les deux maisons sont séparées par une entrée asphaltée pour une voiture —, était allée se présenter aux deux adultes et aux trois enfants quand ils ont emménagé, en juillet. Une famille souriante, moderne, agréable, avec de beaux enfants, a décrit la jeune femme, visiblement encore ébranlée, confiant que ses propres enfants n’avaient pas fermé l’oeil de la nuit.

Ce n’étaient pas des gens isolés, a-t-elle relaté : elle y a vu des fêtes, et il y avait souvent de la parenté en visite, dont les grands-parents.

Des enfants en pleurs

« Ce matin, le nombre d’enfants qui pleuraient en arrivant à l’école, c’était inimaginable », a déclaré le brigadier scolaire posté au coin de la rue Lauzon, celle où s’est déroulé le drame. André Mahilian est brigadier à cet endroit depuis sept ans, tout près de l’école primaire Père-Laporte, que le garçon de 11 ans fréquentait. Sa soeur étudiait dans une école secondaire du secteur.

« C’est pénible de venir en classe et de ne pas trouver ton ami. Et comment expliquer à un enfant qu’un enfant a été tué ? » a-t-il demandé en levant les yeux au ciel.

Muni de son dossard jaune, l’homme a déclaré que certains parents avaient finalement rebroussé chemin avec leurs jeunes plutôt que de les déposer à l’école. Lui-même a confié avoir eu les larmes aux yeux avant le début des classes.

La psychologue de l’école, Gladis Valencia, croisée près de l’établissement alors qu’elle allait chercher rapidement quelque chose à manger, a pris une grande respiration avant de parler.

Depuis le début de la matinée, elle s’affaire à intervenir auprès des élèves avec toute une équipe de crise déployée par le centre de services scolaire pour lui prêter main-forte. « On essaie que ce soit le moins dramatique possible, pour ne pas que ça se dégrade », a-t-elle expliqué, disant vouloir maintenir un aspect de normalité pour les enfants tout en étant à l’affût de signes indiquant que certains avaient besoin de plus d’aide et de soutien.

Des enfants ont versé des larmes à l’école. « Même des adultes », a dit la psychologue.

Mardi en fin de matinée, le ruban de sécurité qui entourait la résidence avait été retiré, et le poste de commandement, un camion roulotte de la police, avait quitté les lieux. Le maire de Laval, Stéphane Boyer, allait à la rencontre des résidents du secteur pour les rassurer.

« Triste », « horrible », « épouvantable » : voilà quelques-uns des mots utilisés pour décrire le drame par des résidents du secteur rencontrés à proximité de la résidence de la famille Arora.

« C’est une catastrophe », a laissé tomber Jean Godbout en face de la maison, formulant le souhait que ceux qui vivent de la détresse aillent chercher de l’aide.

Besoin d’aide ?

Si vous pensez au suicide ou si vous vous inquiétez pour un proche, des intervenants sont disponibles pour vous aider, partout au Québec, en tout temps.

Téléphone : 1 866 APPELLE (1 866 277-3553)

Texto : 535353

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