Les policiers qui ont abattu Riley Fairholm ont bien agi, selon un expert

L’expert en utilisation de la force Bruno Poulin estime que les policiers qui sont intervenus lors de la mort de Riley Fairholm en 2018 ont fait tout ce qu’ils pouvaient dans des circonstances difficiles.
« On a peu de marge de manoeuvre quand quelqu’un pointe une arme à feu sur nous », a déclaré l’expert, lundi, lors des audiences du coroner sur le décès du jeune homme de 17 ans.
La coroner Géhane Kamel se penche, depuis quelques jours, sur les circonstances ayant amené un agent de la Sûreté du Québec à faire feu sur Riley Fairholm en pleine nuit à une intersection de la ville. Dans un état de crise, l’adolescent criait en tenant à la main un fusil à air comprimé. Or, les six policiers déployés sur place croyaient qu’il s’agissait d’une arme à feu.
M. Poulin, qui est expert-conseil à l’École nationale de police, avait été mandaté par la coroner pour suivre les audiences dans le but d’évaluer les actes des policiers dans ce dossier.
Sa conclusion est claire : les policiers ont agi de façon adéquate sur toute la ligne, même s’il leur a fallu à peine une minute après leur arrivée avant de faire feu.
Certes, a-t-il dit, les policiers qui interviennent auprès de personnes en état de crise doivent chercher à faire baisser le niveau de tension et à provoquer une « désescalade ». Or, dans ce cas-ci, ils n’ont jamais eu « la fenêtre d’opportunité » pour le faire.
Il ne leur était pas possible, par exemple, de s’éloigner du suspect pour calmer le jeu parce que le jeune se trouvait dans un lieu ouvert, ce qui exposait d’autres citoyens au danger.
D’emblée, à partir du moment où Riley Fairholm a pointé son arme en direction des agents, il était justifié qu’ils fassent feu, a-t-il mentionné. Quelques jours plus tôt, lors des audiences, l’agent qui avait tiré avait soutenu qu’il avait été « patient » dans les circonstances.
Les conclusions du rapport de M. Poulin auraient dès lors été bien différentes si le jeune homme s’était trouvé dans un lieu fermé ou s’il avait eu en main une arme blanche au lieu d’une arme à feu.
Dans cette affaire, la famille de Riley Fairholm avait reproché aux policiers d’avoir agi trop vite, sans prendre le temps de dialoguer avec le jeune pour qu’il se calme.
Lundi matin, un ex-policier spécialisé en intervention auprès des personnes en crise, Michael Arruda, a soutenu que trois ingrédients devaient être réunis pour calmer un individu : être sincère et transparent, voir l’humain derrière le trouble et prendre son temps.
« Le nerf de la guerre, c’est comment communiquer avec les gens », a dit M. Arruda, qui milite en faveur de formations obligatoires en la matière pour les aspirants policiers.
Or, la preuve dans ce dossier avait révélé que le sergent qui s’était adressé à Fairholm sur les lieux du drame s’était réfugié dans son véhicule parce qu’il craignait pour sa sécurité. De cet endroit, il lui était impossible d’entendre si le jeune lui répondait.
Questionné à ce propos, l’expert en usage de la force Bruno Poulin a convenu qu’il aurait été préférable de pouvoir dialoguer avec lui, mais n’a pas relevé de faute à cet égard.
Rappelons que le Bureau des enquêtes indépendantes a déjà enquêté sur ce dossier et qu’aucune accusation n’a été portée contre les policiers concernés.