La prison à vie pour Carl Girouard

L’attaque au sabre dans le Vieux-Québec a eu lieu le 31 octobre 2020.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir L’attaque au sabre dans le Vieux-Québec a eu lieu le 31 octobre 2020.

L’auteur de la tuerie dans le Vieux-Québec a été condamné vendredi matin à la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans. Le juge Richard Grenier a souligné que Carl Girouard « avait commis des crimes absolument atroces » et qu’il avait détruit la vie « d’une multitude de personnes ».

L’homme de 26 ans a reçu la peine maximale, la Cour suprême ayant récemment invalidé l’article 745.51 du Code criminel et par le fait même rétabli l’accès à la libération conditionnelle après 25 ans pour les meurtres multiples.

M. Girouard a été déclaré coupable pour tous les chefs portés contre lui par le jury le 21 mai dernier. Ne restait plus qu’à déterminer la peine de prison qui lui serait imposée.

N'eût été la décision de la Cour suprême, il aurait pu y avoir un débat sur la pertinence de repousser son accès à la libération conditionnelle au-delà de 25 ans. Cette possibilité n’existant plus dans le Code criminel, la décision du juge n’était plus qu’une formalité.

Le soir de l’Halloween 2020, Carl Girouard s’était rendu dans le Vieux-Québec et s’était attaqué aux gens qu’il avait croisés au hasard avec un sabre japonais. Deux personnes, François Duchesne et Suzanne Clermont, ont péri de sa main et cinq autres ont été grièvement blessées.

Avant que la décision soit rendue, des proches des victimes ont tenu à se faire entendre, dont la sœur de François Duchesne, Marie-Josée Duchesne, par vidéoconférence depuis Paris. « Il était plus qu’un frère, plus qu’un tonton, c’était un être irremplaçable, a-t-elle dit dans un long message. Cette tristesse nous suivra jusqu’à notre dernier souffle. Rien ne saura guérir cette absence. »

La mère du défunt, Renée Rioux, a aussi tenu à s’exprimer dans une brève lettre. « J’ai 83 ans et les années qui me restent sont gâchées, a-t-elle écrit. Mon fils était un être très bon. »

J’espère que vous ne mettez pas vos doigts dans les oreilles en vous balançant pour simuler un trouble quelconque. Vous avez charcuté ma belle-soeur.

La belle-sœur de Suzanne Clermont est également venue lire un message particulièrement incisif à l’intention de l’assassin, qui se trouvait derrière elle lorsqu’elle a parlé. « Vous êtes dans mon dos. J’espère que vous ne mettez pas vos doigts dans les oreilles en vous balançant pour simuler un trouble quelconque, a dit Marie-Claude Veilleux. Vous avez charcuté ma belle-sœur. »

Mme Veilleux faisait allusion au fait que l’accusé a plaidé non coupable de ses crimes pour cause de troubles mentaux, une défense qu’a toutefois rejetée catégoriquement le jury dans son verdict.

Vers un appel

 

Malgré le prononcé de la sentence, le parcours judiciaire de Carl Girouard n’est pas terminé puisque son avocat a formellement déposé un avis d’appel vendredi. Dès le prononcé du verdict, Me Pierre Gagnon avait déclaré aux médias que des erreurs de droit avaient été commises, selon lui, durant le procès.

L’avis s’appuie sur trois points. Le juge aurait dû, dit-il, inviter le jury à ne pas tirer de conclusions du silence de l’accusé lorsqu’il a été interrogé par les policiers après avoir été arrêté.

Les deux autres points concernent la gestion par le juge Richard Grenier du témoignage de l’expert en psychiatrie de la poursuite, Sylvain Faucher, qui, au dire de Me Gagnon, a exprimé des « opinions personnelles » sur l’accusé.

 

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