Varennes - Le collège Saint-Paul met ses enseignants en lock-out durant les vacances

Situation particulière au collège Saint-Paul, à Varennes: en plein milieu des vacances estivales de ses professeurs, la direction de l'établissement privé a en effet décidé d'imposer depuis dimanche un lock-out pour forcer un déblocage des négociations autour du renouvellement de la convention collective qui touche une cinquantaine d'enseignants. Ce qui veut essentiellement dire que les chèques de paiement différé des salariés ne seront pas versés au cours des prochaines semaines.

«Compte tenu du piétinement des négociations, on s'attendait un peu à avoir un lock-out, confie la présidente du syndicat des enseignants, Francine Jetté. Mais jamais en plein été. C'est odieux.» Le syndicat se serait plutôt attendu à ce que la direction décrète son lock-out avant le paiement du plus gros chèque des vacances, celui de la fin juin. «Quand on les a eus, on s'est dit qu'on était correct pour l'été», croyait Mme Jetté. Il s'agissait plutôt d'un report: l'arrêt de travail imposé aura eu lieu un chèque plus tard.

Ce qui frustre particulièrement les enseignants affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ), c'est que les sommes qui vont être retenues par la direction (à moins qu'un règlement ne survienne avant le 28 juillet) constituent de l'argent «déjà gagné». Dans ce collège comme dans plusieurs autres du Québec, les enseignants travaillent de la fin août à la fin juin, mais ils sont rémunérés en 26 versements répartis tout au long de l'année. Les paies de vacances représentent donc une forme de paiement différé pour le travail fait durant l'année scolaire. Les avocats du syndicat travaillent actuellement à une réplique judiciaire pour forcer l'employeur à verser l'argent aux professeurs. Selon le SCFP, le moyen de pression de l'employeur est ici «clairement illégal».

Il y a trois semaines, le syndicat avait déjà tiré une sonnette d'alarme pour dénoncer les intentions de la direction, qui imite dans son geste les collèges Notre-Dame-de-Lourdes et Saint-Sacrement. Ces derniers ont aussi récemment eu recours au lock-out en réponse à des négociations difficiles. Sur son site Internet, la direction de Saint-Paul affirme avoir dû agir ainsi pour empêcher que la prochaine année scolaire soit perturbée par des moyens de pression des enseignants. Ceux qu'ils ont appliqués dans la dernière année auraient eu «un impact sur les services offerts aux élèves», selon la direction.

Les principaux points en litige portent sur la tâche, les activités d'encadrement et l'affectation des enseignants. Le collège estime que les conditions d'emploi qu'il offre sont «très souvent plus avantageuses que celles qu'on retrouve dans d'autres établissements privés». Aucun commentaire public n'a autrement été émis par la direction.

Au ministère de l'Éducation (MEQ), on soulève le fait que la situation ne relève pas du mandat du MEQ. «Nous n'avons aucun droit de regard sur ce qui se passe dans les collèges privés» en matière de relation de travail, explique Stéphane Gosselin, attaché de presse de Jean-Marc Fournier. Ça ne nous concerne pas.» Pas question donc de forcer la direction à émettre les chèques qui pourraient être retenus. «Notre seule implication, ce pourrait être de s'assurer que les parents aient toute la documentation» pour permettre l'inscription de leur enfant dans une autre école, si jamais le conflit persiste et menace la rentrée scolaire.

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