La pénurie d’enseignants est pire que l’année dernière

La rentrée scolaire s’annonce difficile. La Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) signale qu’il manque actuellement 2000 enseignants pour pourvoir des postes à temps plein et 3000 autres pour des tâches à temps partiel dans les 1600 écoles où oeuvrent ses membres. C’est 3,5 fois plus qu’à pareille date l’an dernier.
« L’année passée, il manquait 700 enseignants pour les postes à temps plein et 700 pour les postes à temps partiel », précise le président de la FQDE, Nicolas Prévost.
Le portrait est aussi sombre pour les autres corps d’emploi : 54 postes vacants de direction, 56 de direction adjointe, 1440 de technicien en éducation spécialisé (temps plein et temps partiel), 1608 d’éducateur en service de garde (temps plein et temps partiel), et 912 de professionnels (psychoéducateurs, psychologues et orthophonistes).
Selon Nicolas Prévost, la situation, « très évolutive », va certainement s’améliorer. Mais ses membres sont « découragés ». « Ils font des téléphones, des téléphones, des téléphones pour trouver des gens… Un moment donné, on est un peu à court de solutions. » Il attribue ce manque cruel d’enseignants à un nombre important de retraites en juin 2023. « On est dans le haut de la vague des retraites », dit-il.
La présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES), Kathleen Legault, anticipe aussi une pénurie de personnel « pire » que l’année dernière. « La situation, avec les données qu’on a aujourd’hui, nous semble beaucoup plus problématique que celle des années antérieures, dit-elle. On a beaucoup de directions qui constatent qu’il leur manque 1, 2, 5, 10 enseignants. » Les classes spécialisées seraient particulièrement touchées.
Les écoles sont aussi aux prises avec une pénurie de professionnels, comme des orthophonistes et des psychoéducateurs, signale Kathleen Legault. « Ça veut dire que ça va encore mettre plus de poids sur le personnel dans les écoles, parce que eux vont avoir moins de soutien », observe-t-elle. Même s’ils sont « fatigués », les enseignants vont « tenir le fort », assure-t-elle. « J’ai parlé avec un directeur d’une école secondaire, toute l’année scolaire l’an passé, il n’a pas trouvé de prof de français pour un de ses groupes, raconte-t-elle. Les enseignants du niveau ont dit “on va le prendre en charge collectivement, parce qu’on ne veut pas que ce groupe-là ait des suppléants qui défilent les uns après les autres”. »
En attente des chiffres officiels
En mêlée de presse hier, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a indiqué qu’il serait en mesure de fournir un portrait précis des effectifs la semaine prochaine ou la suivante. Il a souligné que les centres de services scolaires « travaillent très fort » pour combler le maximum de postes d’enseignants. « Ça met en relief le fait qu’il faut continuer à valoriser la profession », a-t-il ajouté.
Il a notamment cité en exemple son initiative de déployer des aides à la classe afin de soutenir les enseignants. « On a eu les résultats du projet pilote de 100 écoles et c’est incroyable comment les enseignantes aiment les aides à la classe, car ça leur permet d’avoir un deuxième adulte dans la classe pour les aider », a-t-il affirmé. La mesure sera étendue à 200 écoles cette année.
Bernard Drainville ambitionne de déployer le projet « dans le plus grand nombre possible d’écoles primaires au Québec ». Pour y arriver, une entente avec les syndicats d’enseignants est nécessaire. « On souhaite que la négo se règle le plus rapidement possible », a-t-il affirmé.