L’Université du Québec réclame 100 millions de plus par année

Dans une lettre ouverte publiée dans les pages du « Devoir », le président de l’UQ, Alexandre Cloutier, et les dirigeants des 10 établissements du réseau s’inquiètent de l’écart de diplomation entre le Québec et le reste du Canada.
Photo: Francis Vachon Le Devoir Dans une lettre ouverte publiée dans les pages du « Devoir », le président de l’UQ, Alexandre Cloutier, et les dirigeants des 10 établissements du réseau s’inquiètent de l’écart de diplomation entre le Québec et le reste du Canada.

Estimant être victime de « sous-financement chronique », et dans l’espoir d’augmenter le nombre de diplômés universitaires francophones, le réseau de l’Université du Québec (UQ) demande au gouvernement Legault un « réinvestissement majeur de rattrapage » d’au moins 100 millions de dollars par année.

« Nous avons fait des pas importants, mais c’est une oeuvre inachevée, lance le président de l’UQ, Alexandre Cloutier, en parlant de la création du réseau en 1968. Lorsqu’on regarde froidement les chiffres en termes de diplomation, nous sommes convaincus que nous pouvons faire mieux. »

Dans une lettre ouverte publiée dans les pages du Devoir, le président de l’UQ et les dirigeants des 10 établissements du réseau s’inquiètent de l’écart entre le Québec et le reste du Canada. Ils prennent publiquement la parole après que la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a lancé en mai un appel aux mémoires en vue d’une révision de la politique de financement des universités.

En 2021, disent-ils, le tiers de la population québécoise âgée de 25 à 64 ans détenait un diplôme universitaire, contre 40 % pour l’Ontario. Le fossé est également important entre les régions du Québec, note-t-on. À Montréal, ce sont 56 % des 24 à 65 ans qui détiennent un certificat, un diplôme ou un grade universitaire. Ce chiffre fond à 17 % sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec, à 23 % au Bas-Saint-Laurent, à 25 % dans Lanaudière et à 29 % en Montérégie. « On s’est dotés de l’UQ pour venir réparer un retard historique dans le passé, souligne Alexandre Cloutier. Mais il est loin d’être comblé et il faut mettre les bouchées doubles. »

Le Québec a la particularité d’avoir des cégeps au niveau postsecondaire. Mais la formation universitaire a un impact économique important, soutient Alexandre Cloutier. Dans certaines régions, « il y aura toujours une répartition de l’emploi qui sera davantage du travail manuel que du travail axé sur les services », dit-il. « C’est important d’avoir, sur l’ensemble du territoire québécois, une communauté qui soit représentative de ce qui se fait ailleurs au Québec. »

Un financement supplémentaire aura assurément une incidence positive sur la réussite étudiante, soutient-il. « On pense qu’on peut faire mieux pour l’accompagnement de nos étudiants, mieux au niveau du taux d’encadrement de nos professeurs, mieux au niveau du soutien administratif, et mieux pour la publication en français et l’accompagnement de nos profs à cet égard », lance Alexandre Cloutier.

Selon les chiffres de l’UQ, les autres universités de la province parviennent à investir davantage dans ces services. À titre d’exemple, un employé du réseau devra venir en aide en moyenne à 18 étudiants, comparativement à un ratio de 12 étudiants pour un membre du personnel dans les établissements hors UQ. « Quand on regarde la tarte du financement par université, nous, elle est moins grosse », souligne le président de l’UQ.

Les universités québécoises tirent une bonne part de leurs revenus des subventions de fonctionnement gouvernementales. Mais l’argent en provenance des fondations et des étudiants étrangers joue en défaveur du réseau de l’UQ et creuse l’écart. « Il y a certainement lieu de rééquilibrer, estime Alexandre Cloutier. La marche est plus haute pour les universités francophones. »

L’UQ veut augmenter la diplomation, mais des universités, notamment l’Université du Québec à Montréal, connaissent une baisse des inscriptions. Est-ce que le réseau est encore attractif ? « Ma réponse, c’est que ça devrait l’être plus que jamais. Il faut travailler et rappeler aux Québécois à quel point nous nous payons collectivement, chaque année, une institution qui est un joyau et qu’on doit mieux reconnaître, lance-t-il. C’est le cri du coeur que je fais. »

L’UQ demande plus de financement, mais pas question d’ouvrir la conversation sur une hausse des droits de scolarité. « Ce débat ne nous intéresse pas, lance Alexandre Cloutier. On a été fondés pour répondre à des besoins d’accessibilité sur notre territoire. On vise les gens les plus éloignés, donc qui sont souvent obligés de travailler pour payer leurs études. Le but, c’est de se rendre plus accessible. »



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