«M. Drainville, écoutez-nous», réclament des employés de soutien scolaire

Une centaine d’employés de soutien scolaire se sont rendus jeudi midi devant les bureaux du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, pour scander que sans eux, « l’école prend le bord ».
« Une bonne partie de notre personnel veut partir. Ça ne peut pas faire autrement : vous êtes épuisés, au bout du rouleau, vous êtes toujours en surcharge de travail, vous vivez de la violence », a lancé au micro Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN).
Sous un soleil radieux, les manifestants ont dénoncé leurs conditions de travail en agitant des tambourins au son de la musique pop. Durant près d’une heure, ils ont entonné des slogans comme « Drainville, arrive en ville » et certains d’entre eux arboraient des chandails où l’on pouvait lire « Donnez-nous de l’amour, Bernard ».
Le ministre doit « arrêter de trouver des solutions seulement pour les enseignants », a déclaré Mme Charland, plus tôt en entrevue avec Le Devoir. Le personnel de soutien scolaire comme les secrétaires, les techniciennes en éducation spécialisée et les concierges ont aussi besoin d’aide, a-t-elle martelé. « M. Drainville, écoutez-nous », a-t-elle ajouté.
La FEESP-CSN représente plus de 35 000 employés de soutien scolaire qui sont actuellement en négociation avec Québec pour le renouvellement de leur convention collective échue depuis le 31 mars dernier.
En vue de ces négociations, l’organisation syndicale avait mené en janvier dernier un coup de sonde — dont Le Devoir avait obtenu copie — auprès de 7500 employés de soutien scolaire. Parmi eux, 62 % ont affirmé que leur travail est épuisant émotionnellement. Concernant la violence physique de la part d’élèves, 35 % de ces travailleurs disent en avoir subi.
C’est le cas d’une manifestante, Valérie Lavoie, qui vit régulièrement des épisodes violents dans le cadre de son travail d’éducatrice spécialisée dans le Bas-Saint-Laurent. « On parle de coups, de meubles et d’objets qui revolent », raconte celle qui pratique son métier depuis 15 ans. « On veut que ça change », dit-elle, entre deux bouchées de sandwich.
Prévenir la violence
Afin de pouvoir prévenir la violence, les techniciennes en éducation spécialisée ont besoin de disposer de plus de temps, soutient Annie Charland.
Cette dernière réclame donc le rehaussement de leur nombre d’heures de travail, car plusieurs d’entre elles en font moins de 26,15 par semaine, soit le minimum requis pour être considéré comme permanent. « En n’ayant pas d’heures, qu’est-ce qui arrive ? Elles ne font qu’éteindre des feux et ne vont pas travailler la problématique de l’élève en profondeur », se désole-t-elle.
La surcharge de travail et l’épuisement combinés au salaire « peu compétitif » poussent des employés de soutien scolaire expérimentés à quitter leur emploi, se désole Mme Charland. « C’est toute notre expertise qui part en courant. »
Contacté par Le Devoir, le cabinet du ministre de l’Éducation a souligné que « des négociations sont en cours pour renouveler les conventions collectives ».
« Des discussions sont faites aux tables de négociation et les conditions de travail y sont abordées. Nous souhaitons en arriver à une entente rapidement », écrit Florence Plourde, attachée de presse de M. Drainville.