Les profs demandent la démission du d.g. du cégep de Saint-Hyacinthe

Estimant que le lien de confiance est rompu, les enseignants du cégep de Saint-Hyacinthe demandent la démission du directeur général, Emmanuel Montini.
Réunis en assemblée générale mercredi, les profs ont voté à l’unanimité pour le retrait de leur confiance envers le directeur général et le président du conseil d’administration de l’établissement. Ils réclament maintenant leur démission.
« L’image du cégep est ternie, il y a un bris de confiance évident et le climat de travail est toxique », explique au Devoir Selma Bennani, présidente du Syndicat des professeurs du cégep de Saint-Hyacinthe. « Il faut se reconstruire, et on n’y arrivera pas avec le d.g. actuel. »
Fin avril, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, avait demandé à son ministère de dresser un « état de la situation » après avoir pris connaissance dans un article du Devoir d’« allégations préoccupantes » sur le climat tendu entre les employés et la direction ainsi que sur les taux d’abandon et d’échec élevés des étudiants en informatique du cégep.
Les profs ont envoyé une lettre à la ministre dans l’espoir de la rencontrer et comptent exercer dans un futur proche « des moyens de pression jusqu’aux départs du directeur général et du président du conseil d’administration ».
Injonction contre un média
Un article du Courrier de Saint-Hyacinthe a également jeté le feu aux poudres chez les enseignants. Il a révélé l’existence d’un rapport sur le climat de travail chez les cadres du cégep qui date d’il y a quelques années et qui rapporterait des propos peu tendres envers le directeur général.
Emmanuel Montini et le Cégep ont par ailleurs tenté d’empêcher la publication de ce reportage en envoyant une mise en demeure et une injonction au média. L’établissement qualifie ces informations de « fausses et diffamatoires » et parle « d’une campagne intentionnellement malveillante de la part de certains cadres du cégep visant à déloger [le] directeur général ».
« C’est carrément une tentative de nous museler. C’est de l’intimidation pure et simple, payée aux frais de l’État », a lancé en entrevue avec Le Devoir l’éditeur du journal, Benoit Chartier.
L’hebdomadaire a d’abord reçu une mise en demeure mercredi avant-midi, la semaine dernière. Une injonction a suivi vers 20 h, et le juge a rendu sa décision très tard dans la nuit, alors que le journal était imprimé. Le juge a donné raison au journal, et la distribution a finalement pu débuter. « Si je perdais, il aurait fallu que je réimprime le journal. C’est assez incroyable, lance Benoit Chartier, incrédule. Nous sommes imprimés chez Transcontinental, et ils en impriment, des journaux. À l’imprimerie, ils avaient rarement vu ça. C’est carrément de l’abus. »
Le rédacteur en chef, Martin Bourassa, ajoute que ce n’est pas la première fois que Le Courrier reçoit des mises en demeure. Mais « une injonction, c’est une première », lance-t-il toutefois. « Le Courrier a 171 ans d’histoire, et d’aussi loin qu’on puisse regarder dans nos archives, je n’ai pas vu de précédent. »
Le journal a depuis reçu une nouvelle mise en demeure, mercredi de cette semaine, qui lui demande de retirer l’article de ses plateformes et de détruire les exemplaires restants du journal.
Invité à commenter, le Cégep de Saint-Hyacinthe n’avait pas répondu au Devoir au moment où ces lignes étaient écrites.