Le défi de l'inclusion scolaire
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial 90e Congrès de l’Acfas
Dans le cadre du 90e Congrès de l’Acfas, un colloque portant sur l’inclusion scolaire réunira des chercheurs issus de pays francophones dans le but de faire un état des lieux des avancées tant dans la province qu’ailleurs. Mais avant tout, comment ce concept se définit-il ?
L’inclusion scolaire est à la fois une « posture de recherche » et une « façon de vivre », d’après la chercheuse Nathalie Trépanier. « Ça peut être autant un processus qu’une finalité. Selon la définition proposée, ce que tu mets autour va lui donner un sens différent. Pour moi, c’est un processus », affirme la professeure titulaire au Département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal.
Outre de « développer des êtres éduqués et heureux », l’objectif ultime de ce processus est de rendre accessible la réussite scolaire pour tous les types d’élèves inscrits en formation continue ou initiale, qu’ils soient en situation de succès, de difficulté ou d’échec, selon la coresponsable du colloque sur l’inclusion scolaire. Différentes démarches existent pour parvenir à cette fin. « Pour certains étudiants, c’est de les placer en situation de réussite et de leur donner des objectifs à atteindre. […] Pour d’autres, le support visuel est important. Il peut aussi être important pour un élève n’ayant pas de problème. Le but est de le rendre accessible sans stigmatiser personne », illustre-t-elle.
Un remède miracle ?
Bien que Mme Trépanier donne plusieurs exemples de pédagogie inclusive, elle soutient que la « pilule pédagogique » n’existe pas. « En éducation, on aurait tendance à vouloir tout traiter également. On a une solution, donc on va l’appliquer partout ou, pire que ça, on va dire à quel point un moyen est efficace en le traitant comme une donnée probante. Mais pour des élèves, c’est moins évident, selon plusieurs facteurs. […] Deux enfants qui ont les mêmes troubles n’ont pas nécessairement les mêmes besoins », souligne-t-elle. On doit tenir compte de paramètres variables qui peuvent être, par exemple, familiaux, sociaux ou personnels, précise Nathalie Trépanier.
Même si un élève est « en situation de handicap scolaire » et qu’il n’a pas reçu de diagnostic, son inclusion est quand même possible. « Il faut comprendre ce qui place un jeune dans cette situation-là. Ça ne s’arrête pas à un trouble [diagnostiqué]. Qu’est-ce qui fait en sorte qu’un jeune est en situation d’échec de manière récurrente ? Il y a des indices », pense la professeure en éducation. Bien qu’un diagnostic ne soit pas le seul indicateur qu’un élève éprouve des difficultés, une « étiquette » se révèle tout de même nécessaire pour qu’il obtienne les ressources dont il a besoin dans le système scolaire actuel, concède-t-elle.
La solidarité pour avancer
C’est pour cette raison que les enseignants doivent être soutenus afin d’instaurer des mesures. « Un enseignant est formé pour faire ce qu’il fait, mais parfois, il arrive qu’il ne sache plus quoi faire. Il faut donc mettre des dispositifs en place, que ce soit autour de l’enseignant, des élèves ou de la famille. Le type de leadership exercé dans les écoles ou la manière dont les services sont organisés sont des exemples de ça », explique Mme Trépanier.
Avec de l’aide supplémentaire pour appuyer les enseignants, l’inclusion des personnes peinant à réussir à l’école ne se fait pas au détriment de celle d’autres élèves ayant plus de facilité en classe. La chercheuse estime qu’il peut arriver qu’une enseignante ne sache pas comment intervenir auprès d’un élève qui se met en colère, « mais une fois qu’elle sait quoi faire, avec du soutien, [l’élève] va se responsabiliser ».
Quant aux recherches sur l’inclusion scolaire, que peut-on espérer pour l’avenir ? « La recherche dans l’éducation, ça fait peur. Ce n’est jamais la fin parce que la société évolue. On continue à penser au développement des êtres humains qu’on éduque et à voir comment les politiques vont récupérer [les résultats de nos recherches] », estime Nathalie Trépanier.
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