Une enseignante de Montréal-Nord ne partira finalement pas à cause de l'immigration

Le conjoint de Sarah Chauveau a reçu son AVE au lendemain de la publication de notre article et peut donc maintenant venir au Canada.
Julien de Rosa Agence France-Presse Le conjoint de Sarah Chauveau a reçu son AVE au lendemain de la publication de notre article et peut donc maintenant venir au Canada.

L’école primaire Sainte-Gertrude, à Montréal-Nord, pousse un soupir de soulagement : l’enseignante Sarah Chauveau, qui s’apprêtait à retourner en France parce que son conjoint n’arrivait pas à obtenir ses papiers d’immigration, pourra rester. Au lendemain de la publication d’un article du Devoir relatant leur histoire, son conjoint a finalement obtenu son autorisation de voyage électronique (AVE), un document obligatoire pour atterrir en sol canadien, qu’il attendait depuis plus de six mois.

Ce document de voyage délivré par Immigration Canada est généralement prêt en quelques minutes à peine. Sarah Chauveau avait obtenu le sien quelques heures après en avoir fait la demande, au mois d’août dernier.

Au bout du fil, on sent un sourire dans la voix de Mme Chauveau, même si elle admet ne pas s’être réjouie sur le coup. « Quand mon conjoint m’a annoncé ça, je n’y ai pas cru, dit-elle. Je me suis dit : “Bon, d’accord. C’est comme ça que ça fonctionne. Ça fait des mois qu’on essaie d’en savoir plus, mais ça prend les médias.” »

Malgré cette bonne nouvelle, le couple n’était pas certain de rester. Mme Chauveau était prête à partir le 1er mars : elle avait son billet d’avion, avait résilié son bail et s’était même trouvé un nouvel emploi en France. « On a parlé à beaucoup de personnes et on s’est dit, finalement : pourquoi pas ? »

Des élèves heureux

Une décision qui a fait le bonheur de la directrice de l’école Sainte-Gertrude, Julie Morin. « Les premiers gagnants, ce sont les enfants. Ils n’auront pas à vivre un troisième changement d’enseignante en l’espace d’un an », dit-elle au Devoir, rappelant qu’ils étaient bouleversés de perdre leur professeure.

Mme Morin a tenté de convaincre Sarah Chauveau de rester en lui promettant de tout faire pour aider son conjoint, qui a travaillé comme journaliste et animateur en loisirs, à se trouver un emploi. « J’ai dit [à Sarah] que ce n’était qu’un avant-goût de ce que les Québécois peuvent faire quand ils se mobilisent ! »

Quand mon conjoint m'a annoncé ça, je n'y ai pas cru. Je me suis dit : “Bon, d'accord. C'est comme ça que ça fonctionne. Ça fait des mois qu'on essaie d'en savoir plus, mais ça prend les médias.”

 

Sarah Chauveau s’est dite heureuse de tout ce soutien. « Ça fait plaisir. Les Québécois sont vraiment très bienveillants », a-t-elle dit. L’enseignante d’origine française voulait retourner dans son pays parce qu’elle trouvait difficile de devoir assumer seule les coûts de son séjour, une expérience au Québec que le couple avait prévu de vivre ensemble, et non séparé. « C’est finalement une histoire qui se termine bien. »

En réaction à l’article du Devoir, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, avait décrié la lenteur d’Immigration Canada. « Nous avons besoin de bras dans le réseau de l’éducation et nous ne pouvons que réitérer que la lenteur des délais chez Immigration Canada est inacceptable. » Les partis d’opposition s’étaient également indignés du départ de cette enseignante dont le Québec a bien besoin en cette pénurie de main-d’oeuvre.

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