Changer le monde, d’une génération à l’autre

Caroline Rodgers
Collaboration spéciale
Des élèves du primaire et des adultes réfléchissent ensemble dans le cadre d’un projet artistique collectif sur les défis planétaires.
Photo: École alternative de l’Énergie Des élèves du primaire et des adultes réfléchissent ensemble dans le cadre d’un projet artistique collectif sur les défis planétaires.

Ce texte fait partie du cahier spécial Semaine des enseignants

La réflexion, la discussion, la créativité et le partage étaient au coeur d’un projet intergénérationnel à l’école alternative de l’Énergie, à Shawinigan. Dans le cadre du projet « Change le monde, une oeuvre à la fois », des élèves ont collaboré avec des adultes de 50 ans et plus pour créer, tous ensemble, des oeuvres, mais aussi des ponts entre les générations. Le résultat de leur travail sera exposé, avec d’autres oeuvres, au Musée POP de Trois-Rivières, du 18 avril au 18 mai.

François Turcotte enseigne au troisième cycle de l’école alternative de l’Énergie, dans une classe multiniveau qui regroupe 22 élèves de 5e et 6e années. Pour cet enseignant en fin de carrière, la retraite sera au rendez-vous à la fin de l’année scolaire en cours. Pour lui, cet ambitieux projet de création est une façon parmi d’autres de terminer son parcours d’enseignant en beauté.

Dans une école alternative, l’enseignement fonctionne par projets. Les élèves doivent s’impliquer, trouver des idées et les développer. « C’est une école publique, dit-il. L’une des grandes différences, c’est la participation des parents. Et puis, le but principal, c’est que l’élève soit heureux à l’école. On veut que les enfants entrent heureux le matin et qu’ils ressortent heureux à la fin de la journée, et ce projet a été un exercice d’art et de partage incroyable. »

En effet, les élèves de François Turcotte ont eu de la chance dans cette quête du bonheur, puisqu’à quelques pas de leur école se trouve l’atelier d’un artiste spécialiste de la pédagogie : Javier Escamilla. Ce pédagogue originaire de la Colombie, arrivé au Québec il y a 20 ans, a toujours favorisé les rencontres entre la culture et l’éducation. Il est aujourd’hui coordonnateur du projet « Changer le monde, une oeuvre à la fois » du Comité de solidarité Trois-Rivières, un organisme de coopération internationale.

« Aujourd’hui, en éducation, la philosophie est d’apprendre aux gens à obéir, à travailler et à consommer, dit Javier Escamilla. Notre travail est plutôt lié aux valeurs des écoles alternatives, et d’autres organismes communautaires, qui consistent à favoriser l’éducation citoyenne par l’art. On veut rencontrer les citoyens pour leur donner la parole et leur permettre d’exprimer leurs préoccupations, leurs fiertés, et agir dans un processus de création artistique. »

Un partage en six rencontres

Au fil de six ateliers, les élèves ont donc rencontré des adultes de 50 ans et plus, parents et grands-parents, qui ont accepté de participer à ce chantier. Au départ, ils ont été invités à parler de ce qui les préoccupe pour inspirer leurs créations.

« Ce projet est magnifique, s’exclame Javier Escamilla. Nous avons rassemblé ces générations pour cheminer à travers un processus de réflexion partagé. Je leur ai expliqué le fonctionnement du projet, ils ont discuté de défis planétaires, puis c’est l’art visuel qui doit parler. Dans cet exercice, on peut s’indigner de certains problèmes, par exemple les changements climatiques, mais il faut aussi se documenter pour enrichir son travail. »

En art, on s’intéresse trop souvent à la performance, au résultat, comme s’il s’agissait d’un concours. Avec Javier Escamilla, c’est avant tout la démarche qui est importante. Par exemple, pour apprendre à travailler ensemble et à faire confiance aux autres, les participants commençaient leur dessin, puis devaient le passer à leur voisin, qui le continuait.

« Le projet est basé sur la liberté et la liberté d’expression, indique-t-il. Je ne suis pas invité pour faire connaître une technique, mais pour aider les participants à construire ensemble un cheminement plus humain, pour une culture plus vivante. C’est un projet écologique où il faut faire confiance aux citoyens. On a souvent des préjugés envers les enfants, à savoir qu’ils ne peuvent pas avoir de pensée critique. C’est tout à fait le contraire. Les enfants ont des pensées critiques et révélatrices. La toile devient le territoire à partager, et les participants comprennent qu’ils doivent travailler ensemble pour construire leur avenir. »

Une dernière étape reste à franchir : décider de quelle façon cet ensemble d’oeuvres, qualifié de « rencontre alternative », sera présenté pour l’exposition. Finalement, les élèves seront présents au vernissage, moment de fierté anticipé.

« C’est rare, dans ma vie d’enseignant, que j’ai eu l’occasion de faire des projets intergénérationnels avec des grands-parents qui se pointent le matin à l’école avec leur café, dit François Turcotte. C’était vraiment beau de voir tout le monde à l’oeuvre, et la plus belle chose que je vais retenir de ma dernière année d’enseignement, c’est ça. »

On peut visualiser une partie des oeuvres réalisées sur le site du projet.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

À voir en vidéo