L’agriculture en milieu scolaire ou les nouvelles classes vertes

Foulques Delbar
Collaboration spéciale
Les projets stimulent l’intérêt des jeunes envers l’agriculture et nourrissent leur fibre écologique.
Photo: François Escalmel Les projets stimulent l’intérêt des jeunes envers l’agriculture et nourrissent leur fibre écologique.

Ce texte fait partie du cahier spécial Semaine des enseignants

Faire pousser des laitues à l’école : cette idée originale, qui a émergé dans différentes écoles de la province, aboutit aujourd’hui à des projets structurés et fédérateurs. Rencontre avec trois enseignantes qui ont le pouce vert.

En quête d’autonomie alimentaire à l’école Sacré-Coeur de Saint-Donat, Catherine Lanthier a su remédier à un problème récurrent : « Nous avons très peu d’élèves et aucune concession de cantine ne veut s’installer chez nous. J’ai donc cherché un moyen de préparer de petites collations. » L’enseignante se tourne d’abord vers une épicerie de la ville afin de récupérer des fruits et légumes invendus. « J’avais aussi commencé un projet de serre en classe. Je voulais intéresser les élèves et j’y ai vu une façon de rehausser notre offre alimentaire », poursuit-elle. Laitues, fines herbes, bok choy… les cultures s’enrichissent au fil des saisons et les élèves y piochent ce dont ils ont besoin pour agrémenter leurs repas.

À l’école Mitchell-Montcalm de Sherbrooke, Sylvie Lavallée anime avec ses élèves le comité Les pouces verts, qui se consacre aussi bien à l’entretien des plantes qu’à la pratique de l’agriculture. « Nous voulions montrer qu’il est possible de se procurer des aliments sans passer par l’épicerie, dit l’enseignante en sciences. Durant l’automne, nous avons fait pousser trois variétés de laitues, en serre hydroponique mais aussi dans la terre pour comparer les deux types de culture. Quand les plants sont arrivés à maturité, nous avons organisé une grande distribution : environ 150 portions de salade ont été servies aux jeunes de l’école. »

Une réelle plus-value pour les élèves

Enseignante à l’école primaire Les Prés-Verts de Québec, Sylvie Fortin déplorait pour sa part le manque d’interactions entre les enfants des classes ordinaires et les élèves en difficulté d’apprentissage. Jusqu’au jour où elle a découvtert un dispositif de serre hydroponique adapté aux salles de cours. « Nous voulions amener les enfants des deux types de classes à travailler ensemble », indique-t-elle.

À la suite d’une collecte de dons, l’école fait l’acquisition de deux serres. Les élèves peuvent alors se réunir pour choisir les variétés, faire les semis ou récolter. « Nous avons vu que les enfants tissaient progressivement des liens entre eux, explique Mme Fortin. Ce projet est devenu un prétexte à organiser des activités communes et à mieux se connaître. »

L’horticulture a de nombreux effets positifs sur les élèves, comme l’a constaté Sylvie Lavallée : « C’est vraiment un plus sur les plans de la motivation scolaire et de la gestion des émotions. Le jardinage est une activité régulatrice de stress et d’anxiété. » D’après Catherine Lanthier, les jeunes impliqués développent davantage de confiance en eux : « Les élèves qui effectuent ces tâches se sentent valorisés, ils sont fiers de récolter les fruits de leur travail. » Le sentiment d’appartenance à l’école s’en trouve renforcé. De telles activités permettent également de donner du sens aux notions abordées en classe, comme le souligne Sylvie Fortin : « En sciences, nous avons étudié les végétaux et acquis un vocabulaire que les enfants savent maintenant utiliser. Quand on parle de plantules ou de photosynthèse, ils peuvent vraiment l’expérimenter. »

Des projets aux multiples facettes

La réalisation des projets donne souvent lieu à de nouvelles idées. À Québec, Sylvie Fortin et ses élèves ont noué un partenariat avec la Popote roulante, un service d’entraide qui livre des repas aux aînés isolés ou en perte d’autonomie. « Un bénévole est venu nous voir et les enfants ont eu l’idée de partager une partie des légumes récoltés à l’école », raconte l’enseignante. Sylvie Lavallée fait état d’initiatives similaires à l’école Mitchell-Montcalm : « Nous allons bientôt faire pousser des plantes à fleurs dans le cadre d’une collaboration avec des CHSLD. Et nous travaillerons l’an prochain avec l’organisme Moisson Estrie, qui a mis en place une banque alimentaire. »

Les projets stimulent l’intérêt des jeunes envers l’agriculture et nourrissent leur fibre écologique. À Saint-Donat, un comité d’élèves se réunit chaque semaine pour transformer les fruits et légumes en produits consommables. « Nous produisons beaucoup de déchets organiques, indique Catherine Lanthier. On récupère toute cette matière pour en faire du compost, qu’on peut ensuite réutiliser sur des plates-bandes aménagées en potager. » Pour les cultures en extérieur, la perspective du printemps à venir offre de nouvelles possibilités. Sylvie Fortin et ses élèves imaginent déjà leur future cour d’école : « Il y aura un potager et nous allons aussi planter des fleurs. Les enfants pourront prendre soin de leur cour et l’embellir avec leurs propres plantes. » L’école Les Prés-Verts n’aura jamais aussi bien porté son nom !

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