Décoder le trouble d’apprentissage

Le trouble d’apprentissage (TA) implique des difficultés persistantes à mémoriser et à acquérir certaines compétences, peu importe le niveau d’effort fourni par les enfants qui doivent composer avec. Il existe toutefois des outils et des stratégies pour les soutenir dans leur cheminement scolaire et familial, et ainsi favoriser leur épanouissement.
« Est-ce que vous diriez à quelqu’un qui est myope : “Enlève tes lunettes et force-toi un peu pour lire ce qui est écrit au tableau” ? demande rhétoriquement Annie Sanscartier, neuropsychologue et cofondatrice de la clinique NeuroÉduc. Malgré toute l’énergie déployée, les personnes qui ont un TA vont progresser plus lentement, et ça n’a rien à voir avec la volonté. »
Le TA fait partie des troubles neurodéveloppementaux, comme le syndrome de Gilles de la Tourette et le trouble du spectre de l’autisme, qui peuvent eux aussi impliquer des troubles de l’apprentissage. Il existe des troubles précis qui altèrent les capacités cognitives impliquées dans les apprentissages scolaires de base que sont la lecture, l’écriture ou les mathématiques. Environ 30 % des enfants qui présentent un trouble déficitaire de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH) ont aussi un trouble d’apprentissage, selon des données de la Fondation Sainte-Justine.
S’il n’existe pas de lien avec l’intelligence, l’incapacité chronique à actualiser les connaissances peut grandement nuire aux résultats scolaires. « Cela peut notamment créer de l’anxiété et une baisse de l’estime de soi, souligne la neuropsychologue. Alors qu’en fait, ces enfants ont énormément de ressources et de forces qu’il faut reconnaître et mettre en valeur. »
Les fonctions exécutives
Pour accompagner adéquatement les jeunes atteints de troubles de l’apprentissage, il est d’abord nécessaire d’évaluer leur profil neuropsychologique. « Quand on fait un bilan, on examine les fonctions exécutives du cerveau, car on sait à quel point elles sont impliquées dans les apprentissages et les comportements du quotidien », explique Annie Sanscartier.
Régies par le cortex préfrontal, le « grand coach en chef » comme le surnomme la neuropsychologue, les fonctions exécutives interviennent dans des situations nouvelles et complexes. Les principales sont la mémoire de travail, l’inhibition, la flexibilité mentale et la planification. En d’autres termes, ce sont elles qui nous permettent de gérer nos pensées, nos comportements et nos émotions pour faire face à un problème que l’on ne peut résoudre par automatisme. À force de pratique et de répétition, nous intégrons les tâches qui seront alors régies par d’autres parties du cerveau, ce qui permet de libérer la charge du cortex préfrontal.
Chez l’enfant atteint d’un TA, ce processus d’automatisation ne se fait pas et toute l’énergie est dévolue à bien décoder les mots. Cela laisse alors peu de place à la compréhension globale du texte ou à la résolution d’une énigme, par exemple. Annie Sanscartier a d’ailleurs écrit un livre, 100 milliards de neurones (Éd. Midi Trente), qui décortique le fonctionnement du cerveau pour les enfants. « Les études ont montré que le fait de connaître son propre fonctionnement est un des moyens les plus efficaces pour progresser », affirme-t-elle.
Des stratégies efficaces
Pour compenser cette surcharge, des stratégies peuvent être mises en place, telles que l’utilisation d’un dictionnaire électronique ou phonétique pour les troubles spécifiques de la lecture et l’écriture. L’utilisation d’une calculatrice peut également être nécessaire afin de laisser le temps aux élèves de bien comprendre le problème et de faire valoir leur capacité à raisonner. Pour un enfant qui est aussi TDAH, Mme Sanscartier suggère de le placer toujours proche de l’enseignant dans la classe, de segmenter les tâches, d’organiser des pauses fréquentes et de lui permettre de bouger. Le port de coquilles insonorisantes peut aussi aider à faire fi des distractions.
L’Institut des troubles de l’apprentissage travaille de son côté à soutenir l’ensemble des intervenants scolaires. « Si le personnel est au courant de l’importance des fonctions exécutives, il va bâtir son enseignement avec des stratégies adaptées qui vont aider l’ensemble de la classe à développer de bonnes façons de comprendre un problème et de le résoudre », estime Lucille Doiron, directrice générale de l’Institut TA.
Mme Doiron souligne par ailleurs l’importance de sensibiliser les parents afin de leur permettre de reconnaître les manifestations d’un TA. « Ensuite, nous définissons des groupes selon les besoins et nous suggérons des solutions pour travailler dans la vie quotidienne sur ces défis, explique-t-elle. Nous voulons montrer aux parents qu’ils peuvent être des aidants extraordinaires. »
Afin de les soutenir dans l’adoption de saines habitudes pour l’année scolaire à venir, une journée de conférences pour les parents aura lieu le 15 octobre à l’Institut TA.
Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.