Soutenir le corps enseignant ici comme ailleurs

Gabrielle Tremblay-Baillargeon
Collaboration spéciale
Plutôt que d’aller recruter des jeunes au baccalauréat en enseignement, l’Université TÉLUQ a choisi de miser sur les personnes qui connaissent la réalité des salles de classe de la province.
Université TÉLUQ Plutôt que d’aller recruter des jeunes au baccalauréat en enseignement, l’Université TÉLUQ a choisi de miser sur les personnes qui connaissent la réalité des salles de classe de la province.

Ce texte fait partie du cahier spécial Université TÉLUQ

Si la pandémie a ébranlé le système d’éducation déjà titubant, du côté de l’Université TÉLUQ, le soutien au corps enseignant, lui, s’est mis en place rapidement.

Au cours des trois dernières années, l’établissement a mis en place plusieurs programmes et formations spécifiques pour répondre à l’enjeu de pénurie de main-d’oeuvre dans le milieu de l’éducation. Et en ce mois d’octobre, deux maîtrises qualifiantes conçues en collaboration avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), soit une en Éducation préscolaire et enseignement primaire et une autre en Enseignement secondaire, concentrations mathématiques et français, accueillent leurs premiers étudiants.

Ces deux diplômes du cycle supérieur s’adressent aux enseignants non légalement qualifiés, des gens qui détiennent un baccalauréat et qui travaillent déjà dans les salles de classe du Québec, mais qui n’ont pas de brevet en poche. « Ce qui est dramatique actuellement, c’est qu’on se retrouve avec des enseignants dans notre système qui ne sont pas formés pour enseigner. C’est urgent d’intervenir parce qu’en bout de course, ceux qui écopent, ce sont les élèves », relate Mario Richard, professeur au Département d’éducation de l’Université TÉLUQ. C’est environ 4000 enseignants non qualifiés qui se trouvaient dans les écoles du Québec en 2020-2021, sans compter ceux et celles qui effectuent de la suppléance, une conséquence du manque de personnel criant dans le milieu. Ainsi, les premiers inscrits aux programmes de maîtrise, qui démarrent en octobre, suivront à temps partiel leurs cours asynchrones sur un long cheminement de cinq ans.

« On s’adresse à des gens qui travaillent, et qui ont donc un enjeu de conciliation études-travail, mais aussi famille-travail », explique M. Richard. Les cours sont orientés vers la pratique : le but de l’exercice, c’est avant tout d’outiller les travailleurs. « On veut des gens qui sont déjà en salle de classe parce que l’objectif, c’est de travailler à apporter une solution à la situation de pénurie qu’on a présentement dans notre système », poursuit le professeur.

L’Université TÉLUQ propose également un DESS en éducation préscolaire et en enseignement primaire. Un certificat piloté par l’UQAT est offert en collaboration avec plusieurs universités du Québec en accompagnement à l’enseignement secondaire, ainsi qu’une série de cours d’appoint qui s’adressent à des enseignants qui ont été formés à l’extérieur du Canada. Toute cette offre est axée sur la rétention du personnel : plutôt que d’aller recruter des jeunes au baccalauréat en enseignement, l’Université TÉLUQ a choisi de miser sur les personnes qui connaissent la réalité des salles de classe de la province. « Les gens qui sont en exercice ont choisi l’enseignement. Aidons-les », déclare M. Richard.

Enseigner à distance… comme il se doit

Le 15 avril 2020 à l’orée de la nuit, Cathia Papi, professeure au Département d’éducation à l’Université TÉLUQ, reçoit un appel impromptu du ministère de l’Éducation : le cabinet souhaite instaurer une formation sur l’enseignement à distance gratuite pour tout le corps enseignant du Québec. Vingt-quatre heures plus tard, un plan de formation est accepté et la machine se met en marche.

Cathia Papi et son équipe de l’Université TÉLUQ mobilisent toutes les forces de l’établissement et font intervenir de nombreux collaborateurs, notamment pour les niveaux primaire et secondaire, afin de développer un programme qui ratisse large. « Ça a été complexe puisqu’il s’agissait de former des enseignants de tous les ordres d’enseignement et de toutes les disciplines », indique la professeure. En seulement quatre mois, un « temps record », la formation gratuite est mise sur pied et rendue disponible sur le site de l’Université TÉLUQ.

Depuis, plus de 274 000 visiteurs issus de 186 pays ont consulté la page d’accueil de « J’enseigne à distance », qui comporte une boîte à outils commune à l’ensemble de la formation, des éléments de soutien et des éléments pédagogiques adaptés à chaque palier d’enseignement. La formation se réalise en une quinzaine d’heures, grosso modo. « Les gens ont souvent pensé à donner des formations techniques, mais il manquait la partie pédagogique qui, à mon avis, est la plus importante », souligne Cathia Papi. Pour elle, le succès de« J’enseigne à distance » réside dans cette problématique, sur laquelle on aurait dû se pencher bien avant la pandémie, croit-elle.

En Ontario, par exemple, la formation à distance au primaire et au secondaire est beaucoup plus développée qu’au Québec, et ce retard s’est ressenti à l’arrivée de la pandémie. « Quand on est à distance, on ne fait pas les mêmes activités que lorsqu’on est en classe. Il faut vraiment repenser les choses et il faut surtout laisser du temps aux enseignants pour le faire », conclut Mme Papi.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part. 

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