Une nouvelle école secondaire alternative hors de la métropole

Gabrielle Tremblay-Baillargeon
Collaboration spéciale
L’établissement souhaite développer beaucoup plus que des compétences scolaires : la coopération, l’engagement dans sa communauté et la résolution de problèmes, par exemple, sont travaillés autrement, notamment par des sorties en plein air planifiées par les élèves.
École secondaire alternative de l’Énergie L’établissement souhaite développer beaucoup plus que des compétences scolaires : la coopération, l’engagement dans sa communauté et la résolution de problèmes, par exemple, sont travaillés autrement, notamment par des sorties en plein air planifiées par les élèves.

Ce texte fait partie du cahier spécial École publique

En dehors de Montréal, les écoles alternatives après le primaire sont une denrée rare. L’ouverture du volet secondaire de l’école de l’Énergie, à Shawinigan, le premier du genre en Mauricie, ouvre la porte à un développement du modèle alternatif pour les adolescents partout dans la province.

« C’est un rêve que je portais depuis 18 ans. Ces élèves nous permettent de vivre un grand projet que nous bâtissons ensemble », raconte Stéphane Robitaille, directeur de l’école de l’Énergie (de la maternelle au secondaire) et de l’école primaire alternative de la Tortue-des-bois, à Saint-Mathieu-du-Parc. Grâce à un groupe de parents des deux écoles primaires, qui souhaitaient voir leurs enfants poursuivre le parcours alternatif après la sixième année, un projet d’école secondaire à vocation alternative a été déposé au conseil des commissaires de la commission scolaire en janvier 2020.

Deux ans plus tard, l’établissement public, dont les locaux sont rattachés à ceux du primaire, est inauguré. À l’image de la vision pédagogique de son directeur, les infrastructures sont axées sur le partage, la collaboration et le décloisonnement hiérarchique.

« Ce projet mobilise un centre de services scolaire, une direction d’école et des enseignants qui y croient : nous choisissons tous d’y adhérer », lance M. Robitaille. Avec seulement un plan d’architecte en main et une vision en tête, l’équipe-école a pu convaincre les parents des 20 élèves qui forment la première classe de 1re secondaire de l’établissement. Chaque année, un niveau supplémentaire sera ajouté. À terme, l’établissement accueillera unmaximum de 140 élèves, tous niveaux confondus. « Ce sera une école secondaire à taille humaine », souligne le directeur.

Pour le moment, le volet secondaire de l’école de l’Énergie compte deux enseignants qui se partagent toutes les matières, et une éducatrice spécialisée. Il faut dire que, sur la cohorte en place, la moitié des élèves ont un plan d’intervention, pour un trouble du spectre de l’autisme, de l’anxiété ou une dyslexie. « Nous allons faire réussir ces élèves à leur rythme, et nous sommes là pour leur tendre la main », indique Stéphane Robitaille, qui précise que son établissement n’est pas une école qui s’adresse à l’élite.

Le modèle alternatif place l’élève au centre des projets d’apprentissage. À travers une approche multidisciplinaire à l’écoute des jeunes, une proximité avec le corps enseignant et une participation marquée des parents (qualifiée d’obligatoire par la direction), les élèves prennent part à la mise en place de leur cursus.

À l’école de l’Énergie, on sépare la journée en deux. Le matin est destiné à l’enseignement des matières de base (français, anglais, mathématiques) en misant sur l’apprentissage par les pairs et l’autoformation. L’après-midi est consacré aux périodes ouvertes d’apprentissage (POA), qui peuvent prendre plusieurs formes : sortie en plein air, stages d’un jour, robotique, activités artistiques et, au besoin, mentorat individuel ou en sous-groupes. L’idée est surtout de veiller à ce que ces moments soient planifiés par les élèves.

« Ils ont un curriculum unique. On tient compte de leurs intérêts, de leurs goûts et de leurs passions pour créer un engouement et un engagement dans leur apprentissage. On outille aussi les élèves pour avoir une idée, planifier, réaliser et mener à terme un projet », explique M. Robitaille.

Les vendredis après-midi sont consacrés aux débats, et le bénévolat fait partie du cursus scolaire.

 

« L’objectif est de faire de nos élèves des citoyens capables d’échanger et de critiquer, mais aussi d’amener des idées aux directions d’école, aux conseillers municipaux, aux députés… Ce sont des élèves que nous souhaitons actifs dans une communauté démocratique », indique le directeur, qui rencontre les élèves une à deux fois par semaine pour prendre le pouls de leurs réalisations et de leur aisance dans ce milieu scolaire unique.

L’établissement souhaite développer beaucoup plus que des compétences scolaires : la coopération, l’engagement dans sa communauté et la résolution de problèmes, par exemple, sont travaillés autrement, notamment par des sorties en plein air planifiées par les élèves. Au terme de leur 5e secondaire, ceux-ci devraient être en mesure d’organiser une excursion de cinq jours en forêt de manière totalement autonome.

Dans les années à venir, l’équipe-école espère ouvrir un nouveau gymnase et développer davantage de partenariats avec la Ville de Shawinigan et les volets préscolaire et primaire, notamment à travers le Lab créatif en robotique. Aux portes ouvertes du 23 octobre — évidemment organisées par toute l’école, parents et élèves compris —, Stéphane Robitaille pourra présenter bien plus qu’un plan d’architecte.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part. 

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