«L’enseignement à distance n’est pas envisagé» malgré la mésentente sur le transport scolaire

Nos sources indiquent que l’enseignement virtuel fait partie des scénarios évoqués entre la Fédération des centres de services scolaires du Québec et le ministère de l’Éducation — puisqu’il faut bien réfléchir à toutes les solutions possibles.
Photo: Graham Hughes La Presse canadien Nos sources indiquent que l’enseignement virtuel fait partie des scénarios évoqués entre la Fédération des centres de services scolaires du Québec et le ministère de l’Éducation — puisqu’il faut bien réfléchir à toutes les solutions possibles.

L’impasse dans les négociations entre Québec et les transporteurs par autobus jaune donne des maux de tête aux gestionnaires scolaires, qui cherchent à éviter des bris de service en vue de la rentrée, dans deux semaines. Selon ce que Le Devoir a appris, l’enseignement virtuel pour les élèves privés de transport fait partie des possibilités discutées au cours des derniers jours, mais le ministre Jean-François Roberge exclut cette solution de dernier recours.

« Concernant la situation avec les transporteurs scolaires, l’enseignement à distance n’est pas envisagé », affirme Audrey Noiseux, attachée de presse du ministre de l’Éducation.

Nos sources indiquent que l’enseignement virtuel fait partie des scénarios évoqués entre la Fédération des centres de services scolaires du Québec et le ministère de l’Éducation — puisqu’il faut bien réfléchir à toutes les solutions possibles. Le milieu scolaire n’est toutefois pas enchanté par cette éventuelle voie de sortie de crise, qui est loin d’être optimale pour le retour en classe.

Il est minuit moins une. On est capables de se virer sur un dix cennes, comme d’habitude, mais on a besoin d’une solution rapide pour enlever un peu de stress à la rentrée

« C’est une solution parmi tant d’autres, mais les jeunes doivent être en classe, idéalement », dit Carl Ouellet, président de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles.

« Il est minuit moins une. On est capables de se virer sur un dix cennes, comme d’habitude, mais on a besoin d’une solution rapide pour enlever un peu de stress à la rentrée », ajoute le représentant de 700 directions d’école de 12 centres de services.

Le Devoir a rapporté jeudi que les négociations entre Québec et les transporteurs scolaires restent sans issue. La Fédération des transporteurs par autobus réclame des bonifications estimées entre 20 % et 25 % des contrats à cause de la hausse importante des coûts de l’essence, de l’entretien et de l’achat des véhicules, ainsi que de la main-d’oeuvre.

Éviter l’école virtuelle

Les centres de services scolaires préviennent les parents de se doter d’un plan B pour le transport de leurs enfants en vue du retour en classe. L’enseignement à distance ne soulève aucun enthousiasme. L’accueil des enfants qui entrent à l’école, notamment en maternelle ou en première année, est difficile à envisager de façon virtuelle, souligne Carl Ouellet.

D’autres types d’élèves — handicapés, en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, ou encore les nouveaux arrivants — souffriraient grandement d’une rentrée virtuelle, précise Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES). À Montréal, ces élèves vulnérables sont les plus susceptibles d’avoir recours au transport par autobus jaune, car ils fréquentent souvent des classes spécialisées ou des classes d’accueil hors de leur quartier. « Ce sont aussi les élèves qui répondent le moins bien à l’enseignement en ligne », explique Kathleen Legault.

« Je ne pense pas que l’enseignement en ligne soit quelque chose à privilégier. Il faut absolument trouver une autre solution », ajoute la présidente de l’AMDES.

La Fédération des centres de services scolaires a indiqué jeudi que les gestionnaires « analysent actuellement des pistes de solution afin d’accueillir les élèves à la rentrée », sans vouloir en dire davantage « pour le moment ».

Négociations en cours

 

De son côté, le cabinet de Jean-François Roberge a réitéré vendredi sa « confiance » envers le processus de négociation en cours. « On va tout faire pour assurer un transport scolaire à l’ensemble des élèves à la rentrée scolaire », fait valoir la porte-parole du ministre.

Elle rappelle que Québec a avancé 30 millions par année pour des primes visant l’attraction et la rétention des chauffeurs d’autobus et de berlines. Les mesures financières supplémentaires consenties par le gouvernement représentent une hausse de 30,5 % des allocations en transport scolaire, soit plus de 200 millions depuis 2017.

« Les discussions se poursuivent avec les transporteurs scolaires, et des mesures financières ont été ajoutées afin de tenir compte de chacun des enjeux liés à la négociation », ajoute-t-elle.

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