Propos choquants concernant l’habillement des filles dans une école secondaire

« Les filles, avec vos décolletés on voit vos seins arrivés (sic) en classe 2 minutes avant vous. »

Voilà des propos qu’a tenus une directrice adjointe d’une école secondaire de la couronne nord de Montréal dans une classe de cinquième secondaire, la semaine dernière, selon une élève présente lors de ce discours. Dans une publication Facebook partagée à plus de 700 reprises, Jade Lesage dénonce des paroles « irrespectueuses, déplacées et rabaissantes ».

« En classe, j’ai eu l’impression que personne avait de réactions et que ça choquait juste moi », explique l’adolescente en entrevue. Jade Lesage, qui finira son parcours au secondaire dans un peu plus d’un mois et qui préfère ne pas divulguer le nom de son école, explique avoir ressenti le besoin de partager publiquement les propos de cette directrice adjointe : « Je voulais me libérer de ce poids-là. »

Dans sa publication Facebook, l’élève rapporte d’autres propos énoncés par la directrice : « Moi quand je vois des filles qui montrent beaucoup leur peau je sais que ça va finir sur Saint-Laurent ça » ainsi que « Là commencer (sic) pas à faire vos frustrées ».

Le coordonnateur au Secrétariat général et direction des affaires corporatives et juridiques du Centre de services scolaire des Affluents, Éric Ladouceur, ne dément pas les propos rapportés par Jade Lesage.

 

« Après vérification auprès du directeur de l’école, il s’avère que la directrice adjointe aurait abordé la tenue vestimentaire des élèves, tant auprès des garçons que des filles, et ce, dans le cadre de diverses instructions et informations concernant les vingt derniers jours de l’année scolaire […] », a-t-il indiqué au Devoir par courriel.

Il ajoute que « même si l’objectif était de faire respecter le code de vie, les références utilisées pour illustrer ses propos sont inappropriées » et assure que « le directeur de l’école a effectué, dès ce matin (lundi) les suivis pertinents auprès des élèves et des personnes concernées ».

Réception positive

 

Elle-même surprise de toute l’attention accordée à sa publication depuis sa parution quatre jours plus tôt, Jade Lesage se réjouit de la réception qui en a été faite, sur les réseaux sociaux d’abord et en personne ensuite. « Une fille m’a accostée à l’école aujourd’hui pour me dire “j’ai vraiment aimé ton texte, t’as vraiment bien fait” », se réjouit-elle.

L’école où étudie Jade Lesage n’a pas d’uniforme obligatoire ; il y existe néanmoins un code vestimentaire qui stipule qu’il faut « être couvert d’en haut des genoux jusqu’aux épaules ». Selon la jeune fille, ce code est « plus axé sur les filles ».

Ses propos font écho à un mouvement dénonçant le sexisme dans l’application du code vestimentaire au secondaire qui avait pris de l’ampleur il y a près de deux ans. Plusieurs garçons avaient alors décidé de porter la jupe en soutien aux filles qui dénonçaient leur expulsion des salles de classe en raison d’une jupe jugée trop courte par les directions d’école.

« Je suis fâchée parce qu’en 2022 je dois encore me battre pour mettre des shorts », dénonce quant à elle Jade Lesage dans sa publication Facebook.

Même si elle affirme avoir initialement eu peur que son texte soit « mal interprété », la jeune fille se réjouit aujourd’hui de sa réception enthousiaste.

« Depuis que je suis rentrée au secondaire, j’ai toujours été prête à parler quand je trouvais des situations injustes ou que j’entendais des commentaires déplacés, affirme-t-elle. C’est vraiment la goutte de trop, qu’une personne en autorité se permette des propos comme ça. »

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