Des directions d’école font pression sur le gouvernement Legault

Exaspérées par la lenteur des négociations avec Québec pour renouveler leurs conditions de travail, les directions d’école de Montréal ont entrepris des moyens de pression. Les directeurs et directrices d’école du reste du Québec sont sur le point de se joindre au mouvement de protestation, à défaut d’une entente dans les prochains jours.
Les directions d’écoles primaires et secondaires sont un des rares groupes de cadres intermédiaires de l’État québécois à recourir à cette tactique pour se faire entendre du gouvernement. Les moyens de pression sont de nature administrative et ne touchent pas les services aux élèves.
À partir de lundi, les directions d’école des trois centres de services scolaires francophones de l’île ont cessé de remplir une série de formulaires de reddition de comptes exigés par le ministère de l’Éducation — sur la COVID-19 et sur d’autres sujets d’organisation scolaire, notamment.
« Nos membres sont insatisfaits, ils manquent de reconnaissance », dit Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).
Les conditions de travail des directions d’école sont généralement calquées sur celles des enseignants. Les professeurs ont eu droit à des hausses salariales qualifiées « d’historiques », au cours de la dernière année, dans l’espoir de valoriser la profession. Des échelons ont été fusionnés en début de carrière, pour attirer et retenir les jeunes professeurs. Le salaire au sommet de l’échelle a aussi augmenté à 91 132 $.
Les discussions entre Québec et les directions d’école s’éternisent, parce que les associations de directeurs et de directrices réclament des primes COVID comme celles versées aux cadres du réseau de la santé. De plus, des hausses de salaire rétroactives pour 2019-2022, qui devaient être versées au mois de mai, « ne le seront vraisemblablement pas avant les vacances », indique l’AMDES dans un bulletin envoyé à ses membres la semaine dernière.
Sur la ligne de front
Le mécontentement des directions d’école prend de l’ampleur « tant à Montréal qu’à l’extérieur de l’île », précise le message de l’Association. Plusieurs directions adjointes se retrouvent dans une situation fort particulière : leur salaire est moindre que celui de leurs enseignants qui sont au sommet de l’échelle.
Les directeurs et directrices ont pourtant été sur la ligne de front depuis le début de la pandémie : ils ont géré les mesures sanitaires, les programmes de rattrapage pour les élèves en difficulté, ainsi que les innombrables absences d’élèves et de membres du personnel à cause de la COVID-19. Les directions ont travaillé les soirs et les fins de semaine, entre autres pour trouver du personnel ou pour mener les enquêtes de santé publique sur les contacts d’élèves infectés.
« S’il manque dix enseignants le matin à cause de la pandémie, ils trouvent dix personnes pour veiller sur les jeunes, en pleine pénurie de personnel. Ce sont les directions qui ont cette responsabilité », rappelle Kathleen Legault.
De leur côté, la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement et l’Association québécoise du personnel de direction des écoles attendent les résultats d’une séance de négociation prévue mercredi avant d’entamer des moyens de pression.