L’Alliance des profs milite pour une meilleure conciliation travail-famille
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Syndicalisme
Plus de flexibilité grâce au télétravail, une meilleure conciliation travail-famille et une plus grande reconnaissance de la profession d’enseignant, voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal (APPM) compte marcher le 1er mai prochain. L’organisation prévoit unir sa voix à celles d’autres syndicats lors d’une manifestation durant la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs.
« On va aller aux côtés de milliers de travailleurs pour revendiquer de meilleures conditions pour la conciliation travail-famille et la vie personnelle », résume la présidente de l’APPM, Catherine Beauvais-St-Pierre au sujet de l’événement qui commencera au square Cabot, à Montréal.
Si, contrairement à d’autres emplois, les horaires des professeurs laissent moins de place à la flexibilité, Mme Beauvais-St-Pierre estime que le télétravail permet tout de même des assouplissements.
« On voit partout ailleurs de plus en plus d’ouverture de la part des employeurs au télétravail. Et on sait que c’est devenu un élément pour attirer des gens », observe-t-elle. Une mesure « qui ne coûte rien » pour les établissements et qui permet de rendre le milieu de travail des enseignants « plus humain », plaide la présidente de l’APPM. Le syndicat représente environ 9500 membres des institutions du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), de l’École Peter Hall et du Centre académique Fournier.
« Évidemment, quand on enseigne, c’est en classe », dit-elle. Mais le syndicat désire faire basculer en télétravail certaines tâches, comme la planification, la correction et les journées pédagogiques.
« C’est particulièrement vrai à Montréal, on a des profs qui n’habitent pas sur l’île », à cause du prix des loyers et des propriétés, illustre la présidente de l’APPM. « Ça peut être plus intéressant pour eux de rester à la maison, plutôt que de faire une heure de voiture le matin pour aller à l’école et une autre pour revenir, uniquement pour aller faire une tâche qui pourrait se faire ailleurs qu’à l’école », souligne-t-elle.
Une plus grande confiance envers les enseignants
La pandémie a d’ailleurs fait en sorte que le télétravail a été instauré dans les établissements. « On a vu que c’était possible, puisque, depuis deux ans, les professeurs peuvent faire la majorité de leurs journées pédagogiques et de leurs corrections à la maison. Et le fait est qu’ils font le travail, ils respectent leurs engagements », fait valoir celle qui désire que la pratique soit pérenne après la crise sanitaire.
Mme Beauvais-St-Pierre estime d’ailleurs qu’il y a « encore du chemin à faire » de la part du gouvernement pour améliorer les conditions de travail des enseignants. « L’éducation a perdu des plumes à travers les années. La profession a besoin d’être davantage valorisée, les personnes qui l’exercent aussi », plaide-t-elle. Elle cite en exemple le personnage d’Émilie Bordeleau dans Les filles de Caleb, parfois mentionné à la blague parmi le corps enseignant pour parler des difficiles conditions de travail.
Si elle concède qu’il est « parfois difficile » pour les parents de faire la part des choses quand le milieu de l’éducation a déjà plusieurs besoins, elle croit toutefois que la balle est dans le camp du gouvernement.
« Tout n’est pas lié à l’individu qui est devant la classe, mais bien à ce que le gouvernement décide de donner à l’éducation et de donner comme outils en ressources humaines », précise-t-elle.
« Pour les parents, mais aussi pour les directions d’école, c’est parfois bien difficile de respecter le droit à la déconnexion et de l’encourager », constate-t-elle. Pourtant, le fait de clarifier une telle mesure permettrait d’enlever de la pression sur les épaules des enseignants, avance la présidente de l’APPM.
Pérenniser certaines tâches en télétravail montrerait, selon elle, une marque de confiance et de respect de la part des employeurs. « Les professeurs n’ont pas besoin d’être surveillés pour faire ce qu’ils ont à faire, parce qu’on est des professionnels ».
« On peut faire une profession avec passion, en s’impliquant, tout en ayant des conditions de travail acceptables », ajoute Mme Beauvais-St-Pierre. Elle cite comme exemples des congés les fins de semaine et le fait de se reposer le soir sans devoir répondre à des courriels.
« C’est essentiel pour qu’on puisse avoir des profs heureux. Et avoir des profs heureux, ça veut dire aussi des gens qui font bien leur travail. Et ça se reflète évidemment sur les élèves. »
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