Catherine Ethier prête sa voix au balado «Son de cloche»

Jean-Benoît Nadeau
Collaboration spéciale
«À chaque épisode, je suis surprise de constater à quel point nous manquons d’ambition collectivement», confie Catherine Ethier.
Photo: Julie Artacho «À chaque épisode, je suis surprise de constater à quel point nous manquons d’ambition collectivement», confie Catherine Ethier.

Ce texte fait partie du cahier spécial Francisation

« Depuis deux ans, j’ai l’impression d’être retournée en classe », raconte Catherine Ethier, scénariste et animatrice de Son de cloche, une série en baladodiffusion produite par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE). « J’apprends à chaque épisode. Ça met des termes sur tous les enjeux qui me préoccupent, comme l’école à trois vitesses ou l’inégalité des chances. »

C’est le syndicat qui l’a approchée dans l’idée d’essayer un nouveau mode de communication syndical qui aborderait des sujets graves par le biais humoristique et un ton décalé. « Dans mes billets, j’avais parfois abordé l’enseignement à travers ce que me racontait une amie enseignante. La FAE n’a pas eu besoin de me convaincre très longtemps. »

Si le ton souvent guilleret de la série est un peu la marque de commerce de Catherine Ethier, ce choix d’appuyer là-dessus s’explique aussi par la pandémie. « Pour le premier épisode, paru en juin 2020, on voulait insuffler un peu d’espoir à la fin d’une année scolaire qui se terminait en queue de poisson », confie-t-elle.

Ayant interviewé des dizaines d’enseignants, elle dit avoir été particulièrement touchée par les défis de la francisation en classe d’accueil d’immigrants. « Par le fait qu’on juge les nouveaux arrivants sur leur capacité d’apprendre, qu’on les envoie apprendre le français dans des écoles désaffectées et des pharmacies abandonnées, et qu’on leur enseigne comment écrire des cartes postales ou acheter un sofa… »

Pour les épisodes 9 et 10, qui porteront sur la diversité sexuelle et de genre, elle raconte avoir été bouleversée par sa rencontre avec une personne transgenre. « Comme féministe, je suis très consciente que les femmes doivent vivre avec un niveau de vigilance que les hommes ne connaissent pas. Mais une personne transgenre est dans un univers d’hypervigilance et d’intersectionnalité encore plus aride que le mien. Même au travail, elle peut se faire agresser. Cette entrevue m’a vraiment marquée. »

Un manque d’ambition collective

Catherine Ethier se décrit comme un pur produit de l’école privée, et comme elle n’a pas d’enfant, elle n’a jamais eu à se colletailler à un système public qu’elle décrit comme « sans allure ». « À chaque épisode, je suis surprise de constater à quel point nous manquons d’ambition collectivement. C’est flagrant et désolant. Notre école est établie pour produire de la main-d’œuvre. On sort des analphabètes fonctionnels, qu’on lâche dans la nature, et qui vont devenir de la “main-d’œuvre”. Puis on les oublie et on a l’impression que ça va bien. »

Quant aux gros dossiers de recherche qu’elle doit éplucher, ils ne font rien pour émousser sa faculté d’indignation, bien au contraire. Le président de la FAE, Sylvain Mallette — qui dirigeait les séances de remue-méninges au cours desquelles le nom de Catherine Ethier est sorti comme animatrice possible — se félicite de ce choix. « Elle a une lecture politique de nos enjeux, ce que nous avions déjà remarqué dans ses billets à l’émission Gravel le matin. »

Guillaume Tellier, le réalisateur et coconcepteur du balado, et que Catherine Ethier n’hésite pas à décrire comme son coscénariste, a été impressionné dès le départ par son empathie et son talent d’intervieweuse. « Pour chaque entrevue, nous préparons nos questions, et j’en formule d’autres en réserve, mais Catherine a le talent de mettre les gens à l’aise et de poser une question un peu hors sujet, qui amène la personne interviewée ailleurs. »

La véritable Catherine Ethier

Bien qu’elle soit une figure publique connue, Catherine Ethier est plutôt discrète sur sa vie personnelle. La femme de 41 ans n’a toutefois aucune peine à se livrer sur ses petits travers, qui lui servent d’ailleurs dans son travail.

Elle raconte que sa voix particulière de chroniqueuse lui est venue tout naturellement au début de sa carrière. « Je n’ai pas d’esprit de synthèse. Ça me vient par longues phrases compliquées où je passe par 53 détours sur la couleur de la tapisserie et que sais-je encore. En surface, ça a l’air un peu inoffensif, et là, vlan ! Mon personnage, c’est un peu mon armure. »

Si la vie avait suivi son cours normal, Catherine Ethier aurait dû devenir médecin. « J’étais première de classe, élevée pour ça. Sciences pures, médecine, rideau. » Après deux années de biochimie, elle se tourne pourtant soudainement vers la communication. Son curriculum vitae démontre depuis un parcours plutôt éclectique : chroniques chez Urbania, Code F sur Vrak.tv, et même Ce show… avec Mike Ward sur Musique Plus, avant ses billets du vendredi dans la matinale de Radio-Canada. Et maintenant, une série en baladodiffusion et un roman, Une femme extraordinaire, qu’elle vient tout juste de publier. « J’ai toujours eu la chance qu’on me propose des projets qui me ressemblent et qui me rendent très heureuse », conclut-elle.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



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