2000 manifestants à Montréal pour l’accès aux études supérieures

Étudiants, professeurs et simples citoyens étaient de la manifestation mardi.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Étudiants, professeurs et simples citoyens étaient de la manifestation mardi.

Une nouvelle génération ramène le carré rouge dans les rues de Montréal. Dix ans jour pour jour après le lancement du printemps étudiant de 2012, environ 2000 manifestants ont marché dans la bonne humeur, mardi, pour réclamer un meilleur accès à l’éducation.

Plus de 80 000 étudiants de cégep et d’université ont fait la grève dans l’espoir de relancer la ferveur du Printemps érable. Le mouvement réclame la gratuité scolaire, du primaire jusqu’à l’université.

Les manifestants rencontrés mardi marchaient pour une série d’autres causes : la paix en Ukraine, au Yémen ou en Palestine, la justice sociale, la décolonisation, la lutte contre les changements climatiques et contre l’homophobie, et bien d’autres combats. D’autres dénonçaient le retour de Jean Charest sur la scène politique, la reine Élisabeth II, le néolibéralisme et la hausse du coût de la vie.

Il faisait beau. Au départ de la marche, place du Canada, une odeur de cannabis flottait dans l’air. Après deux années de pandémie, les gens étaient contents de marcher côte à côte, d’afficher leurs convictions. Il y avait des étudiants, des professeurs et de simples citoyens. Des policiers à vélo encadraient discrètement la foule.

« C’est le printemps et c’est ma première manifestation : j’ai envie de dire qu’il faut taxer les ultrariches pour financer les programmes sociaux, pour investir en éducation », dit Pola Cormier, militante d’un groupe d’étudiants socialistes de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Elle et ses amis faisaient signer une pétition pour taxer les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft).

Romain Roche, étudiant au baccalauréat en études internationales, était ému : il avait 11 ans au moment du Printemps érable. « Ça m’avait marqué et beaucoup inspiré. J’ai l’impression de revivre ce moment important », dit-il en brandissant une affiche indiquant « Charest dehors, Legault dehors ».

« Fin du monde, fin du mois. Mêmes coupables, même combat », affichaient les étudiants du cégep du Vieux Montréal.

Appui des anciens

 

D’anciens étudiants qui ont vécu la frénésie du printemps 2012 sont venus revivre ces moments de grandes émotions. C’était beaucoup plus calme. Rien à voir avec l’adrénaline d’il y a une décennie. « Il n’y a pas d’autobus prêts à embarquer les manifestants arrêtés comme en 2012 », a remarqué un habitué des tensions du Printemps érable.

« Les jeunes ont besoin de sortir pour s’exprimer après deux ans de confinement. On est venues pour les soutenir », explique de son côté Martine Huot, professeure de littérature au cégep du Vieux Montréal.

Elle tenait une banderole avec sa collègue Marie-Claire Barbeau-Sylvestre, professeure de philosophie, qui s’était fabriqué un carré rouge tout neuf pour souligner les 10 ans du Printemps érable. « J’en garde un très bon souvenir. On peut agir de façon collective dans notre démocratie », dit-elle.

De son côté, Fernand Doutre brandissait une affiche « Père (et grand-père) pour la gratuité scolaire maintenant ». « L’université a beau coûter moins cher que la moyenne canadienne, les droits de scolarité sont quand même un frein à l’accès à l’enseignement supérieur. C’est par l’éducation qu’on bâtira une société plus juste », dit-il.

Les universités demeurent ouvertes malgré les perturbations liées à la grève. Environ 22 000 étudiants de l’UQAM étaient en grève mardi, a indiqué Jenny Desrochers, porte-parole de l’établissement. 

« L’UQAM demeure ouverte et ses activités se poursuivent. Les membres du corps enseignant doivent donner leur cours si les conditions pédagogiques normales sont réunies, et les autres membres du personnel offrir leur prestation de travail selon les modalités et l’horaire prévus. Certains cours sont offerts en ligne selon les modalités prévues », a-t-elle précisé.

À l'Université de Montréal, ce sont 4000 étudiants qui ont voté pour la grève. « Les professeurs doivent être prêts à donner leurs cours. Si les conditions ne s'y prêtent pas, les profs pourront annuler le cours et devront aviser leur département ou leur faculté », précise la porte-parole de l'UdeM, Geneviève O'Meara. 


Ce texte a été mis à jour après publication pour y ajouter des précisions sur la grève à l'Université de Montréal.



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