Améliorer les systèmes éducatifs du secondaire en Afrique
Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Francophonie
Comparer les similitudes et les disparités entre les programmes d’études secondaires de 21 pays d’Afrique francophones, c’est le mandat qu’ont reçu deux chercheurs de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Leurs travaux entamés en février dernier serviront ensuite à l’élaboration d’un examen international qui évaluera les connaissances des différents adolescents à la fin de leur cursus.
Le but ne sera pas d’uniformiser l’enseignement à travers les États. « L’idée est d’enrichir les capacités de tous les élèves. Certains systèmes, pour plein de raisons, peuvent sous-performer. Mais sans avoir vraiment de données, il est difficile de monter un plan d’action pour déterminer où s’améliorer », résume Patrick Charland, professeur au Département de didactique de l’UQAM. Avec son collègue Stéphane Cyr, du Département de mathématiques de l’UQAM, il est cotitulaire de la Chaire UNESCO de développement curriculaire.
Le projet est mené en collaboration avec la Conférence des ministres de l’Éducation des États et gouvernements de la Francophonie (CONFEMEN).Il cernera les compétences communes des étudiants de chacun des pays dans quatre matières : le français, les mathématiques, les sciences de la vie et de la Terre, et les sciences physiques.
Les notions communes dans tous les pays serviront ensuite à l’élaboration d’un examen du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (PASEC). Il existe déjà un test de ce type au primaire, explique M. Charland. « On veut en ajouter un à la fin du secondaire pour avoir une idée d’où en sont les pays dans les acquis qu’ils ont développés chez les élèves », ajoute-t-il.
Les chercheurs analyseront les différents programmes des États membres de la CONFEMEN. Ils établiront ainsi les compétences communes à tous ces systèmes éducatifs qui pourraient faire l’objet de questions au PASEC. « Évidemment, on ne voudrait pas questionner des étudiants sur des notions qui n’auraient pas été vues dans leur propre système éducatif », résume M. Charland au sujet du futur examen.
Des différences entre les pays
Les professeurs ont déjà observé des disparités entre les programmes scolaires. « D’un pays à l’autre, la vision de ce qu’est une compétence est un peu différente dans la manière de l’organiser dans des programmes d’études », résume M. Charland.
Ainsi, certains pays ont intégré les technologies numériques et l’ingénierie à leur cursus scientifique, tandis que d’autres, non. Des États ont également une définition plus large de ce qu’est une compétence. Certains d’entre eux vont présenter le contenu de façon plus générale, comme « résoudre des problèmes en physique », alors que d’autres vont préciser, par exemple, « utiliser la première loi de Newton pour résoudre un exercice de physique ».
« On voit que la définition même de certaines compétences nationales est beaucoup plus large et transversale aux notions tandis que d’autres sont plus pointues et spécifiques, et plus proches de la notion elle-même. On observe déjà de grandes différences », résume M. Charland.
Améliorer la qualité de l’enseignement
Le défi sera de soumettre des notions communes à tous. « Si des pays n’ont pas des visions aussi larges, on devra aller d’une manière un peu plus spécifique pour proposer des éléments à tester chez les élèves dans cet examen du secondaire », avance le professeur.
Actuellement, seuls 40 % des États d’Afrique subsaharienne ont participé à une évaluation transnationale à grande échelle, selon l’Institut de la statistique de l’UNESCO. En vue de la préparation du futur examen, il faudra donc aux chercheurs présenter des questions « qui ne devront nuire à personne ». « C’est vraiment un enjeu social, l’élaboration de l’examen international qui fera en sorte qu’il est aligné sur les systèmes d’un peu tout le monde », note M. Charland.
Le but premier de ce test servira à évaluer ce que les étudiants sont capables de faire au terme de leur programme secondaire, qui se termine à l’âge de 15 ans. « C’est permettre aux États d’avoir une idée de la performance de leurs propres élèves, explique M. Charland. Et après ça, à la lumière de ces résultats, les pays pourront, d’une manière individuelle, adapter leur système éducatif et leurs programmes d’études », ajoute-t-il.
Son collègue et lui remettront leur rapport au printemps prochain. Il contiendra non seulement des recommandations sur les notions à incorporer au PASEC, mais aussi des observations sur la disparité de certains programmes. « Ce sera potentiellement des recommandations d’un meilleur arrimage avec les tendances ou avec certains agendas internationaux », termine-t-il.
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